L'enfer guatémaltèque 1960-1996. - Le rapport de la Commission " Reconstitution de la mémoire historique "

La guerre au Guatemala a été une guerre de massacres. De toutes les guerres centraméricaines, et sans doute de tous les conflits armés en Amérique latine depuis les années 1960, elle a été la plus atroce et la plus coûteuse en vies humaines. Elle a connu deux étapes bien distinctes : l'une, dans les années 1960, centrée sur une région de l'Oriente peuplée surtout de paysans ladinos (= non indiens) ; l'autre, dans les années 1970-1980, centrée sur l'occident indien. La première a donné lieu à une campagne anti-insurrectionnelle classique, avec son lot de massacres de civils. Dans la seconde, la cible principale de l'armée fut la population civile non combattante, presque exclusivement indigène. Un processus de paix long et laborieux a débouché en décembre 1996 sur des accords de paix qui ont mis fin à ce conflit de plus de trente ans. Dans les années qui ont suivi, certaines voix ont cherché à escamoter la nature et l'importance du conflit. Mais dans le même temps, le travail prolongé et minutieux de deux commissions de la vérité a débouché sur des rapports détaillés, sans équivalent dans la production des autres commissions de la vérité qui ont fonctionné en Amérique latine lors des dernières décennies. Le rapport Nunca mas (quatre tomes, dont une synthèse est reproduite dans cet ouvrage) est le résultat d'enquêtes menées dans l'ensemble du pays, trois années durant, par une Commission pour la reconstitution de la mémoire historique établie par l'Eglise catholique et connue au Guatemala comme projet REMHI. A sa lecture, il n'est pas exagéré de parler d'enfer guatémaltèque pour la période 1960-1996. Au moment où ce livre paraît en français, les responsables du crime n'ont toujours pas été jugés.