L'aventure impossible de Cola di Rienzo - Rome, 1347, une révolution populaire

" "Mort au traître ! A bas le traître !" homme ainsi poursuivi se camouflait dans des vêtements de paysan, le visage rasé et badigeonné de noir. Il fuyait un peuple en furie. Soudain un homme se détacha de la foule et lui planta un poignard dans le ventre. Le massacre se déchaîna. Son corps fut criblé de coups de couteau. Il fut décapité. Dénudé, il fut traîné par les rues de la ville comme un bœuf qu'on mène à l'abattoir. Puis on le pendit par les pieds. Enfin, on mit le feu à sa dépouille. Alors, il ne resta plus rien de lui que des cendres. " Ceci se passait à Rome, le 8 octobre 1354. L'homme qui était ainsi lynché par une foule en furie s'appelait Cola di Rienzo. Pourtant, sept ans auparavant, en 1347, cet homme cultivé et révolté avait réussi, sans l'effusion de la moindre goutte de sang, à entraîner le peuple de Rome dans une révolution contre les barons qui se partageaient le gouvernement de la Ville. Et ce n'était que violences, meurtres et misère. En quelques mois, Cola di Rienzo avait réussi à rétablir l'ordre et la justice. Passionné par l'Antiquité, il souhaitait qu'à nouveau Rome devienne la capitale d'une Italie unifiée. Mais le pouvoir le grisa. Sa mégalomanie, son mysticisme et ses incohérences finirent par le rendre odieux tant auprès de Clément VI, le pape qui l'avait pourtant soutenu, qu'auprès du peuple qui ne le comprenait plus. Après sept mois d'un gouvernement transformé en tyrannie, Cola di Rienzo quitta la ville à l'improviste. Sept ans plus tard, il y revint envoyé par un nouveau pape pour, à nouveau, remettre de l'ordre dans une Rome où les conflits entre le peuple et les barons n'avaient pas cessé. Il en fut alors incapable. Harcelé par des difficultés financières, contraint d'augmenter les impôts, il s'aliéna le peuple qui se révolta contre lui. Homme de bonne volonté et de progrès social, désirant, avec Pétrarque, son ami, rétablir paix et justice dans une Italie déchirée, Cola di Rienzo a échoué. Sa révolution n'eut pas de suite.