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A l'été 1716, Lady Mary Wortley Montagu, âgée de vingt-sept ans, quitte l'Angleterre pour suivre son époux jusqu'à Constantinople : celui-ci a été investi d'une mission de négociateur entre l'Autriche et la Turquie, alors en guerre, et le couple ne retraversera la Manche que deux ans plus tard. L'épistolière est passée à la postérité comme une piquante observatrice des mœurs ottomanes : elle se promène vêtue à la turque, apprend la langue, préfère de loin les musulmans aux catholiques ou encore fait le surprenant éloge du harem et du voile comme gages de bonheur et de liberté pour les femmes.
Mais n'oublions pas qu'au début du XVIIIe siècle il faut plusieurs mois pour atteindre les rives du Bosphore ; aussi la présente sélection s'attache-t-elle en outre aux étapes de la voyageuse à travers l'Europe pour rapporter sa découverte de la cour de Vienne, de la Hongrie ravagée par les guerres et puis, au retour, du Paris de la Régence grouillant de créatures ridicules. On a repris une scrupuleuse traduction de 1795 pour restituer à cette correspondance toute sa saveur.
Car Lady Montagu est bien à sa façon une marquise de Sévigné ou une Madame Palatine made in England.