Jacques Seydoux, diplomate (1870-1929)

Ce livre s'attache à révéler la personnalité, les idées et l'action d'un diplomate français peu connu du grand public mais qui joua un rôle déterminant dans la prise en compte par le Quai d'Orsay des facteurs économiques et financiers dans les relations internationales de l'après première guerre mondiale. Son premier objectif vise à décrire le plus fidèlement possible un parcours, une pensée, un homme, dans toute sa complexité, en interrogeant son apport à la définition d'une nouvelle politique étrangère, son influence dans la prise de décision, mais en tenant compte également de son milieu, de sa culture et de son mode de vie.
La pensée de Seydoux, cohérente, originale et riche, ne cesse d'envisager la reconstruction de l'Europe de l'après-guerre de façon globale, avec lucidité et pragmatisme, et d'élaborer des solutions pratiques aux questions les plus délicates, comme celles des réparations et des dettes de guerre, allant même, dans les dernières années, jusqu'à défendre l'idée d'une Europe unie, autour de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, dans le cadre d'une coopération essentiellement économique.
Cette biographie entend également se rattacher à l'histoire d'une administration, celle du ministère des Affaires étrangères, et à celle d'un métier, celui de diplomate. La carrière de Seydoux, qui s'étend sur les trente premières années du XXe siècle, de part et d'autre de la première guerre mondiale, couvre une période de profond renouvellement des fonctions et des pratiques diplomatiques, dans le cadre d'une première mondialisation et des prémices de la New Diplomacy préconisée par Wilson, qui voit notamment l'essor de la diplomatie économique et du multilatéralisme.
La position de Seydoux, qui s'impose au Quai d'Orsay comme le principal expert en matière de réparations et d'accords économiques et commerciaux et qui représente la France dans la plupart des conférences internationales des années 1920, est à ce titre tout à fait stratégique. Le parcours du diplomate est ici totalement inséparable des évolutions qui affectent l'ensemble d'une profession et, par ricochet, le cadre institutionnel dans lequel elle s'exerce.