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En Europe, la fin du XIXe siècle s'accompagne d'une hantise du déclin, qui s'est exprimée en termes de dégénérescence. En Grande-Bretagne, des penseurs et savants s'inquiètent de l'usure " raciale " de la nation, du péril héréditaire et de la présence insidieuse du danger dans le corps social. Cet ouvrage examine les textes théoriques au contenu alarmiste et souvent pseudo-scientifique sur lesquels la pensée de la dégénérescence s'est appuyée, et montre la continuité qui s'est établie avec les textes littéraires.
La connaissance de ce contexte, qui favorisa le renouveau du genre gothique, permet d'apporter un éclairage nouveau sur des romans célèbres et de faire sortir de l'ombre d'autres textes inquiétants. L'être dégénérant en perpétuelle mutation revit un passé personnel, familial et biologique. Son corps est à la fois étranger et reconnaissable, monstrueux et déchiffrable. Certains romanciers prônent la régénération, d'autres mélangent jusqu'à les confondre la morbidité et la puissance, le dégénéré et le défenseur social, le malade et le médecin, le fou moral et le fou de moralité.
En créant des êtres si indignes qu'il va devoir les liquider, l'écrivain transforme la dégénérescence en création.