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"Ecoutez, ajouta-t-elle d'une voix calme, je suis sous le charme. Et ce n'est pas normal. Enfin oui, objectivement, ça l'est, mais ma disposition d'esprit ne devrait pas le permettre. Cependant, c'est plus fort que moi. C'est comme si j'étais sous son emprise, précisa, encore assez lucide, la jeune femme. Vous n'avez rien bu ? Il a pu verser une quelconque substance dans votre verre ? questionna Steven.
Non. C'est pire. C'est de lui qu'émane cette emprise. Je vais habiter chez lui, il m'a invitée et je n'ai pas su, ni pu, dire non... Mais vous êtes complètement folle, Ariane ! Il ne faut pas ! s'exclama Steven. Je sais... Ce type d'homme ne vend que du rêve. Celui du temps qui ne passe pas... Ce n'est pas si mal au demeurant et n'est-ce pas un peu ce que nous faisons, nous, les écrivains. Chacun à notre manière, nous arrêtons le temps...".
Entre inquiétude et fascination, du réalisme à l'onirisme vénéneux, le roman de Marie-Hélène Carbonel nous fait glisser, en compagnie d'Ariane, dans l'univers quasi fantasmatique du docteur Maroni, sur les rives du lac de Garde, non loin de l'étrange demeure de Gabriele D'Annunzio. Tout en suivant son héroïne, elle-même romancière qui enquête sur la disparition irrésolue d'une femme, l'auteur fait s'éployer une atmosphère ouateuse, qui littéralement subjugue et envahit un récit qui se voit peuplé de symboles, mythes ou personnages de contes...
La Barbe bleue, le thème du médecin fou ou du labyrinthe, les portes qui recèlent de sombres secrets, la figure du double... autant de signes et motifs qui parcourent ainsi un thriller abyssal et captivant...
