Fief

Enfin un livre original, plein de trouvailles et d'inventions. Une langue travaillée au corps, inédite encore dans la littérature contemporaine, et qui, pour une fois, a vraiment des choses à dire. L'auteur nous laisse entendre les sans-voix, « sans-dents », bande de jeunes des mi-villes, des mi-campagnes : trop d'herbe pour de vrais banlieusards, et trop de bitume pour des vrais bouseux. C'est l'histoire de cette génération perdue, de ces paumés de la société qui passent leurs journées à ne rien faire, à s'ennuyer, mais le font bien... C'est surtout une belle et grande histoire d'amitié. À la fin de ce roman, dites moi que vous n'avez pas, vous aussi, envie de faire partie de cette bande de zoulous, je ne vous croirai pas !

Pour Jonas (le narrateur) et ses potes, coincés dans cette France dite périphérique, cet « entre deux« invisible », entre bitume et campagne, difficile de s'accrocher à ses rêves... Les aspirations...désirs d'ailleurs sont souvent rattrapées par des désillusions toutes aussi intenses. Réussir c'est presque trahir. Et le quotidien est un éternel recommencement. Alors on se raccroche à son « fief », à ses potes. On cultive l'ennui comme un art, comme un jeu. On fume de l'herbe (beaucoup), tape le carton, et surtout on fait de la langue un mode d’existence à part entière et c'est jubilatoire! Un premier roman coup de poing de David Lopez, qui jongle avec les mots, les triture, avec une vitalité folle...L'argot est ici érigé en poésie du quotidien pour notre plus grand plaisir !! Une chronique décapante, drôle et grave, d'une jeunesse qui se cherche...