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Que voit un voyageur quand il visite un Nouveau Monde déjà
saturé de commentaires ? Que saisit un savant invité par ses
pairs de la science élaborée dans un autre pays ? Le séjour de
Maurice Halbwachs à l'université de Chicago à l'automne
1930 répond à ces questions et constitue de ce double point de
vue une expérience fascinante. Ces Ecrits d'Amérique
regroupent pour la première fois l'ensemble des archives,
abondantes et largement inédites, de ce voyage du sociologue
français.
De l'homme, on découvre une correspondance quasi
quotidienne avec son épouse restée en France, où sont relatées
ses rencontres à l'université, ses longues promenandes dans la
ville, ses impressions et réflexions sur un pays "je ne sais quoi
de plus riche et plus libre". Du voyageur, on lit une chronique
anonyme publiée dans un grand quotidien républicain
lyonnais, Le Progrès, où est donnée l'image d'une Amérique
assimilant ses immigrants mais déchirée par le problème noir
et qui ne peut exister comme nation qu'en obtenant de chacun
l'oubli de ses origines et le conformisme le plus strict.
Du
savant enfin, on revisite de grands articles scientifiques sur les
budgets des familles ouvrières américaines et sur Chicago,
métropole à la croissance fulgurante. Une question sous-tend
ces textes : la théorie que Halbawachs avait bâtie sur les
classes sociales, et particulièrement sur la classe ouvrière,
résiste-t-elle à la double épreuve de l'abondance économique
et de la "diversité des types et genres de vie ethniques" ? Les
écrits d'Amérique permettent d'observer de façon quasiment
ethnographique les rapports entre l'homme privé et le savant.
Ils prennent ainsi la valeur d'archives de la sociologie de
Maurice Halbwachs et en rendent possibles de nouvelles
lectures.