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A Port-au-Prince, la violence n'est jamais totale. Elle trouve son pendant dans une "douceur suraiguë", douceur qui submerge Francis, un journaliste français, un soir au Korosòl Resto-Bar, quand s'élève la voix cassée et profonde de la chanteuse, Brune. Le père de Brune, le juge Berthier, a été assassiné, coupable d'être resté intègre dans la ville où tout s'achète. A l'annonce de la mort de ce père qui lui a appris à "ne jamais souiller son regard", la raison de sa fille a manqué basculer.
Six mois après cette disparition, tout son être refuse encore de consentir à la résignation. Son oncle Pierre n'a pas non plus renoncé à élucider ce crime toujours impuni. Au rythme d'une écriture rapide, électrique, syncopée, comme nourrissant sa puissance des entrailles de la ville, Yanick Lahens dévoile peu à peu, avec une bouleversante tendresse, l'intimité de chacun. Tout en douceur, elle les accompagne vers l'inévitable déroute de leur condition d'êtres humains.
Douces déroutes
Beau roman choral, dont le titre résume parfaitement le quotidien des différents personnages.
Haïti est une île où les catastrophes naturelles, la faim, la pauvreté entraînent colère, corruption, violence, ou la tentation des routes de l'exil pour certains.
Ce "malheur" est masqué par le soleil, la sensualité, l'érotisme , la vitalité de la vie artistique et intellectuelle, la résistance qui rendent la vie plus douce et acceptable aux autres habitants.
Belle immersion dans cette dualité tropicale servie par une auteure haitienne majeure.