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1er janvier 1994. Au moment où l'Accord de libre-échange nord-américain entre en vigueur et que son avènement est célébré dans le palais présidentiel à Mexico, des milliers de paysans mayas se soulèvent dans le Sud-Est du Mexique, avant de renoncer très vite à la confrontation armée. Le mouvement zapatiste apparaît alors comme une alternative tant au capitalisme néolibéral qu'au schéma révolutionnaire basé sur le modèle de la guérilla hérité des années 1960-1970.
Dix ans plus tard, l'organisation et les communautés zapatistes doivent faire face à un phénomène qui depuis longtemps déjà frappe le reste des Etats du Mexique : l'émigration aux Etats-Unis. Pourquoi les militants zapatistes décident-ils d'émigrer après s'être autant investis dans la lutte pour les droits des Indiens et pour l'autonomie économique et politique ? Comment négocient-ils leur départ avec le mouvement et leurs communautés ? Quel sens donnent-ils à leur migration ? Quelles trajectoires suivent les jeunes aux Etats-Unis ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles cherche à répondre cet ouvrage.
Fruit d'une recherche menée entre le Chiapas et les Etats-Unis, produit d'une observation participante réalisée durant 18 mois auprès de jeunes, ce livre constitue une réflexion novatrice sur les rapports entre migration et mobilisations collectives, entre mobilité et résistances. Il privilégie l'étude de la subjectivité de ces jeunes migrants indiens qui quittent leur communauté et, une fois la frontière franchie, font l'expérience de l'"illégalité" du racisme et de l'exploitation de leur force de travail au sein de secteurs d'emploi dégradés tels le nettoyage, la restauration, l'agriculture...