Coligny

Méconnu des Français, sinon par sa fin atroce, Gaspard de Coligny, amiral de France, est pourtant l'un des grands personnages de l'histoire du XVIe siècle. Sa vie s'écoula dans deux Frances successives, celle d'avant Cateau-Cambrésis, lorsque le roi et ses sujets étaient engagés dans une lutte à la vie et à la mort contre l'énorme empire des Habsbourg ; celle d'après Cateau-Cambrésis, quand les Français se déchiraient en des guerres fratricides dites de " religion ". Car l'Europe du XVIe siècle frémit au souffle de la Réforme. Pétries, modelées par la main vigoureuse de Calvin, les doctrines de la Réforme se répandirent rapidement en France, touchant principalement les artisans, les marchands, les robins et la noblesse. Malgré les poursuites, les procès, la torture et les bûchers, le nombre des " malsentans de la foy " augmentait sans cesse et les églises se multipliaient. Coligny, comme tant d'autres, adopta la voie du calvinisme. Il se trouva être dès lors un hors-la-loi politique et religieux, non seulement un hérétique aux yeux de son roi mais encore un séditieux, " perturbateur du repos public ". Les pensées de l'homme d'Etat, du chef huguenot et de l'amiral furent chez lui indissociable. La politique qu'il préconisait, ses projets - la conquête d'un Empire américain, la reconnaissance de la religion protestante, l'union des Français réconciliés contre l'Espagne - tendaient vers un double but : le service de Dieu et la grandeur de la France. Mais en face de lui il trouva Catherine de Médicis, jalouse et apeurée, les Guise, assoiffés de pouvoir, et le peuple de Paris, ivre de sang huguenot.