Clientèles et pouvoir à l'époque de Cicéron - Grand Format

L'utilisation des réseaux fondés sur des fidélités réciproques constitue un des éléments essentiels de la conquête du pouvoir à Rome. Pour étudier les relations entre clientèles et pouvoir à la fin de la République romaine, un document exceptionnel a été privilégié, les lettres de recommandation de Cicéron. Ces lettres officielles ou semi-officielles sont liées à une pratique ostentatoire de l'amicitia ; elles sont considérées comme une manifestation de la bienveillance d'un homme qui écrit à un ami pour introduire auprès de lui quelqu'un qui pourra faire partie de son entourage.
Le recensement et l'analyse prosopographique des noms des destinataires de lettres de recommandation et des commendati nous informent donc sur la structuration des entourages cicéroniens. En donnant accès à des manifestations d'échanges de services, les lettres de recommandation conduisent aussi à une description de certaines pratiques du patronage. En effet, la lettre de recommandation qui, en l'absence de structure de communication intermédiaire, favorise le contact direct avec les hommes qui exercent l'autorité, est aussi un élément du processus de la décision politique, particulièrement à l'époque de César : c'est alors que Cicéron, qui avait perdu son pouvoir direct, éprouva, grâce aux médiations de sa recommandation, l'étendue de son "capital" d'influence.