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(..) A quatre heures, nous sommes à nouveau toutes deux sur la terrasse. La nuit est chaude. Des voitures passent ; des gens les conduisent ; des vies normales continuent de filer. Et le sanglot redouté franchit enfin ma gorge, que je laisse s'envoler vers le ciel bleu marine, la main d'Annie dans la mienne — ses larmes à elle retenues, qu'elle garde pour plus tard. J'ai mal au coeur, au sens propre — un étau m'enserre.
J'étouffe. Il faut pourtant attendre. Encore attendre. Le matin se lève enfin, et j'appelle l'hôpital : "La nuit s'est bien passée ; le pire est écarté." Nous tombons dans les bras l'une de l'autre, sous le regard ensommeillé de ma plus petite qui vient de se lever. La première nuit s'est achevée, et elle ne t'a pas arraché à nous. Il y aura un avenir. A nous de le construire. (..) Un homme, une femme, une famille, un accident.
Un coma prolongé et la vie qui va s'arrêter.
Aurions-nous son courage ?
Dire que ce livre est bouleversant est un euphémisme.
Voici un texte dur, coup de poing, mais dont la poésie empêche l'impudeur.
Comment ne pas être happé(e) par cette histoire que l'on sait réelle, et si dramatique alors que, vues de l'extérieur, les difficultés rencontrées par Emmanuelle transparaissent tout juste.
On imagine sans peine le courage qu'il lui a fallu pour dévoiler ce quotidien à peine supportable, et non plus le laisser entrevoir mais le décrire dans toute sa complexité et ses douleurs à sa famille, à ses amis, aux inconnus (ou presque) qui ne font que la croiser.
Je suis admirative de la force et la volonté d'Emmanuelle, qui a su mener cette vie par amour, pour ses enfants, pour son mari, et en premier lieu pour elle-même. Car parfois, avoir le choix n'est pas un choix...
Les personnes confrontées au handicap se reconnaîtront certainement dans ce texte, et nul doute qu'elles s'en sentiront un peu moins seules.
Pour les autres, ce rappel : on ne sait jamais ce qui se cache derrière le sourire des gens...