Artisans villageois - Quand les outils de nos grand-pères rythmaient la vie du bourg

Plutôt que de filer à vive allure vers un ailleurs qu'il n'atteindra jamais, le touriste serait mieux inspiré s'il stoppait son auto au beau milieu d'une bourgade et la garait sur la place de l'église, à l'ombre des tilleuls centenaires. Là, parlant avec les habitants, il serait étonné de découvrir que l'endroit, voilà peu, n'était pas cette enfilade de maisons mornes, cette alignée de façades assoupies, mais un village qui vivait par lui-même, riche d'ateliers bruyants et de boutiques animées. Sur les photos aujourd'hui jaunies, les gens étaient là, nombreux. Les uns tenaient fièrement le milieu du passage ; d'autres s'attroupaient sous le feuillage. La plupart d'entre eux avaient conservé leur tenue de métier. Le forgeron gardait encore en poigne le marteau dont il se servait quand le photographe lui avait demandé de se planter au premier plan. À ses côtés, on distingue le bourrelier, reconnaissable à son large devantier de cuir, et un grand type à moustaches, le charron. Il y a également le sabotier, qu'on aperçoit sur le pas de sa porte, et le bouif, accoudé à la margelle du puits commun. C'est le témoignage de cette société révolue, par le biais des personnages qui la composaient, que Gérard Boutet nous confie dans cet ouvrage. Une escapade dans le temps d'hier.