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Si l'espace et la médecine sont le berceau de ses significations, la dissidence nous semble toutefois plus familière lorsqu'elle prend la forme des révolutions politiques et des hétérodoxies religieuses. Mais lorsqu'elle touche aux goûts et aux moeurs, au refus du conformisme, à l'expression de l'originalité voire de la marginalité, elle nous rappelle qu'elle peut s'emparer par mille manières détournées de tous les champs épistémologiques établis ou s'attaquer à toutes les manifestations consensuelles de la vie intellectuelle, artistique et sociale.
Il devient dès lors pertinent de découvrir comment elle se comporte face aux modes d'expression et d'interprétation si durablement et si largement répandus dans la culture européenne que furent, à l'instar du mythe, le symbole et l'allégorie. La dissidence a-t-elle vu en eux des voies (ou voix ?) privilégiées pour occulter des idéaux réprouvés, leur garantissant ainsi une diffusion plus sûre et une efficacité accrue, au prix d'une stratégie de séduction ? Les a-t-elle méprisés comme inaptes à traduire la force de la sédition, comme impropres à restituer les subtilités doctrinales, comme trop sclérosés pour prendre en charge les bouleversements de la nouveauté ? Ou les a-t-elle superbement ignorés, jugeant que, sans danger pour elle, ils ne lui étaient d'aucun profit non plus ? On se demandera même si la dissidence ne serait pas au coeur des constituants du symbole et de l'allégorie, affectant leur belle unité d'une fracture qui les déstabilise.
Les études réunies dans le présent volume abordent de front ces interrogations et celles, plus nombreuses encore, que soulève l'association de ces trois notions, de l'Antiquité à la Renaissance, et qui n'avait pas, jusqu'à présent, fait l'objet d'une approche d'ensemble. Historiens, historiens d'art et historiens des religions, philologues et philosophes, spécialistes de littérature et musicologues croisent ici leurs approches.