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// Prix Elbakin. net 2016 du meilleur roman de fantasy francophone \ Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.
A la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie d'un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une oeuvre d'encre et de sang. Auteur français né en 1978, Fabien Clavel est un récidiviste dans les littératures de l'imaginaire.
On le connait pour des ouvrages comme Nephilim, mais aussi l'Evangile Cannibale et Feuillets de Cuivre (prix Elbakin. net).
Une discrète uchronie sur le thème des livres et de la littérature
De 1872 à 1912, la carrière policière de l’atypique Ragon s’envole, grâce à plusieurs affaires criminelles qu’il réussit à résoudre en usant de sa formidable culture littéraire et de sa passion immodérée pour les livres. Il lui faudra toutefois très longtemps avant de se rendre compte que ces différentes enquêtes avaient au final un dénominateur commun…
Dans la mouvance steampunk utilement et clairement présentée dans la préface d’Etienne Barillier, cette histoire discrètement uchronique commence, tels les épisodes d’un feuilleton, par une série de courtes enquêtes policières dans un Paris qui découvre les machines et l’ère industrielle à la fin du XIXe siècle. Y revient avec persistance l’usage du cuivre et de l’éther, mais ce sont surtout les livres qui forment les pierres angulaires de tout l’édifice : peu à peu, comme les rouages d’un mécanisme complexe de haute précision, les différents éléments narratifs s’assemblent pour laisser apparaître un motif général de plus grande envergure qui, par ailleurs profondément machiavélique, s’enroule autour du thème des livres, de la littérature, et de leur impact sur nos vies.
Ainsi, tandis que le lecteur se retrouve suspendu au mystère d’intrigues criminelles qui le renvoient dans un Paris ancien restitué avec la plus précision, les références littéraires et artistiques s’entremêlent dans une combinaison impressionnante de naturel et de simplicité dont la postface d’Isabelle Périer permet de saisir toute la profondeur. Egale justice est faite tant au contenants qu’aux contenus livresques, puisque l’objet-livre lui-même apparaît souvent dans le récit comme un support de création aux possibilités étonnantes.
Ce peu ordinaire roman s’est avéré pour moi une fascinante initiation au steampunk : j’en ressors subjuguée par la maestria et la culture littéraire de Fabien Clavel, qu’il met ici au service d’une authentique inventivité, déconcertante d’aisance, de simplicité et d’accessibilité.