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"Une évocation lyrique d'un Iran qui se meurt. Ce roman ambitieux, se déroulant au nord de l'Irandix ans après la révolution de 1979, contient non pas une pincée mais une bonne dose d'histoire, d'imagination et d'espérance."Les jumeaux ont le même sang dans les veines et la même destinée, disent les anciens. Saba a neuf ans quand éclate la révolution islamique. Chaque jour est fait de contes et de sucreries de ses tantes, de visites des imams à son père, notable chrétien et distret, et de cigarettes fumées en cachette avec ses amis.
Elle en est persuadée, sa mère et sa soeur Mahtab ne sont pas mortes ce jour de 1981 où elle les a perdues de vue à l'aéroport de Téhéran : elles sont aux Etats-Unis, à une pincée de terre et de mer. Saba grandit au rythme des aventures américaines de sa jumelle, leur donne corps et âme, reflets de ses propres aspirations. Aux tchadors noirs répondent les grandes études, au mariage forcé les histoires d'amour tumultueuses, à la soumission la question stimulante de l'intégration.
Saba se vit ici, où elle s'est coulée sans heurts ni révolte dans le quotidien de son village, et là-bas, où Mahtab l'attend, de l'autre côté du miroir. Dans ce premier roman à l'écriture en voûtante, Dina Nayeri joue avec la narration, les personnages, les thèmes de la mémoire et de la destinée. Elle nous montre aussi que l'imaginaire et le récit sont les derniers remparts de la liberté contre la folie.
Une voix ensorcelante qui mêle la mélodie des contes orientaux à la prose occidentale moderne.
Femme d'Orient rêvant d'Occident
Ce roman que je souhaitais tant lire ne m’a pas déplu mais il ne m’a pas plu non plus. Ce sera donc un avis partagé.
Les plus : 1) Une belle écriture simple, riche, rythmée et lascive à la fois. 2) L’angle du récit original, décalé, permettant flash-back et apartés. 3) Le thème de cet Iran post révolution islamique des années 90. 4) Le regard d’une femme sur les femmes et les hommes constituant cette société rurale iranienne dont les coutumes ancestrales détonnent dans la nouvelle hiérarchie révolutionnaire et religieuse.
Les moins : 1) L’auteure n’est pas convaincante dans ses descriptions souvent trop longues et transcrites par petites touches comme à travers un voile, sans implication affective ou sentimentale. Au début du livre, on croit à de la timidité, une réserve naturelle de l’héroïne Saba. Mais à la fin on comprend que les faits relatés en Iran n’ont pas été vécus par l’auteure et que celle-ci a pris trop de distance entre les évènements réels et sa retranscription. 2) L’évocation de la gémellité et du ressenti d’une sœur (Saba) perdant sa jumelle (Mahtab) par l’héroïne tourne vite à la schizophrénie. 3) Le règne du non-dit et de la soumission qui concerne sans aucun doute tous les personnages du livre sauf justement l’héroïne qui a dès le début la chance et le pouvoir de fuir l’Iran. L’illogisme est d’autant plus gênant qu’elle est persuadée que sa mère et sa sœur sont aux Etats-Unis. Le fil qui la retient est tellement ténu que le lecteur n’en prend conscience qu’à la fin du livre. 5) Le déséquilibre flagrant entre les longues descriptions des us et coutumes iraniennes dans la pure tradition orientale (les repas, les soins du corps, les rapports entre femmes et hommes au foyer, le respect et la tolérance, la soumission et la protection, l’affection et l’amour) et l’évocation des agressions et des exécutions de femmes par la police religieuse, la contrebande et les mouvements de contestation et de résistance évoqués rapidement sans plus de précisions .
Saba est une héroïne que j’ai aimée. C’est une jeune femme intelligente, à fleur de peau, qui préfère se réfugier dans le rêve mais qui sait faire face à la réalité et à la cruauté de la vie. Elle aime la vie au point de se cacher la vérité pour mieux atteindre son objectif. Elle commet des erreurs dont elle se relève encore plus forte et maligne. Son père, sa meilleure amie, son amoureux de toujours, ses mères d’adoption sont des personnages qui l’entourent mais qui sont évoqués à travers le regard de Saba, le lecteur ne sait pas ce qu’ils ressentent. Je souhaitais lire ce roman pour mieux connaître l’Iran de la révolution islamique. Je suis déçue car je n’en sais pas plus que tout à chacun qui suit un tant soit peu les actualités. Cet ouvrage n’est pas du registre dénonciateur mais plutôt évocateur et descriptif, il y manque à mon goût de l’intensité et de l’engagement.