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Un matin de janvier 2010, Peter Jacobs, journaliste et écrivain vivant à Londres, débarque à Alfredville, sa ville natale, qu'il a quittée il y a plus de vingt ans. Curieux de voir ce quest devenu, depuis la fin du régime d'apartheid, ce gros bourg au coeur du Little Karoo, l'une des provinces les plus Afrikaners d'Afrique du Sud. Mais attiré surtout par l'idée d'écrire une série d'articles sur l'assassinat de sa cousine, Desirée.
Désirée, une belle jeune femme, diplômée d'une grande université, avait épousé, au grand scandale de sa famille, le chef de la police locale : Hector Williams, un Noir. Qui est bien entendu soupçonné du meurtre de sa femme. Le motif est évident : la jalousie. Et de toute façon, qu'attendre d'autre d'un tel mariage... L'enquête de Peter, dont il nous offre le récit, va durer dix jours. Afflux de souvenirs, rencontres cocasses, constat du peu de changement des mentalités, notamment chez les Blancs, et surtout profond bouleversement affectif.
Peter, qui vient de se séparer de son compagnon James, noir jamaïcain, comprend, en retrouvant Bennie, son meilleur ami de jeunesse, que le lien qui les unissait était en réalité beaucoup plus complexe. Or Bennie, devenu policier, et qui dirige le commissariat en attendant le procès de Williams, semble étrangement mêlé au meurtre... Nous voici donc dans une enquête aux multiples rebondissements, mais aussi dans une histoire profondément fascinante, au terme de laquelle Peter, s'il découvre qui est l'assassin, remet sa vie totalement en question, à commencer par ses rapports avec son pays perdu.
L'Afrique post-apartheid
Portrait de l'Afrique du sud post-apartheid, ce roman semble plus un tableau qu'un roman basé sur une intrigue. Si vous vous attendez à y trouver du suspense, comme pourrait le suggérer le résumé, vous risquez d'être déçu. Les personnages sont par contre attachants, surtout ceux du narrateur, de son ami Bernie qui travaille dans la police et plus que tout de cette femme noire qu'il rencontre et avec qui il va nouer de vrais liens. Orgueilleuse et un peu froide au premier abord, je n'ai pu m'empêcher de lui donner les traits du Dr Ramphele de Cry Freedom, un personnage que j'adore. Ce personnage est comme un reflet inversé du narrateur:
- Nous avons grandi dans la même ville.
- Pas vraiment. Vous avez grandi dans la partie blanche d'Alferdville, moi dan sla partie noire. Deux villes très différentes. Même si ma mère allait travailler dans la blanche.
On y retrouve ce même personnage de journaliste blanc que dans Cry Freedom, un journaliste qui a honte d'avouer qu'il n'a jamais mis les mis dans une township (j'ai d'ailleurs découvert que c'était un nom féminin en français, je disais toujours un township). Si j'ai pris plaisir à lire ce roman, je trouve qu'il lui manque un peu de ryhtme et une plume originale. Et j'ai été agacée par certaines généralités (heureusement rares):
Très gros mais sans la jovialité que les obèses adoptent pour s'attirer les bonnes grâces d'un monde sans pitié.