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Une saison, d'abord à Hanoi, au Vietnam. Au centre, le Hoan Kiem Lake, un B-52 américain, puis un domicile sans adresse que l'on retrouve par d'autres moyens. Un lycée, où l'on devine qu'elle enseigne, et où jamais elle ne pourrait être jugée coupable. De là, la trame éclatée de l'expérience - réelle et imaginaire - d'une mémoire lourde, ingrate... « Le train allait moins vite pour avancer à travers les montagnes.
C'était sur fond de polar, la jungle et la brume nous entouraient, il était peut-être quatre heures du matin à l'heure du Nord Vietnam... Aurais-je préféré mourir sous votre main ? En rêve. Aurais-je préféré la Chine ? Aurais-je préféré ne jamais y aller ? À Auschwitz. Ne jamais aller dans ces montagnes sauvages peuplées de H'mongs, de Dao, de Lai Chi... » Mais on ne restera nulle part, on ne fera que passer, à la recherche d'un autre temps, de sa musique propre : on ira voir au Sud, les odeurs, et toujours cette lumière, et le bleu ou le vert, on ne sait plus, celui des morts qui ondoient gravement sur le Delta avec le tigre.
Le récit est étrange, parce que les jours sont étranges. Ç'aurait pu être ailleurs. C'était là-bas. Ç'aurait pu ne pas être elle, ne pas être vous, ne pas être ce tu, ne pas être Mai Lan. C'est dans ces moments hallucinés, et dans les marges de l'Histoire qu'un essai, mine de rien, s'est écrit pour elle.
Je rêvais de vous [...] » ; « vous m'étrangliez dans mon sommeil [...] » : tel est le type d'alternance qui rythme la pensée de l'observatrice au long des événements quotidiens.
Tel est aussi le mouvement par lequel quelque cérémonie pacifique peut lui offrir à lire l'horreur sous-jacente aux rassemblements humains. « [S]ur fond de polar » et pourtant bien en deçà du romanesque, il s'agirait notamment d'une invitation à surimprimer notre propre rêverie sur ces pages et leur temps fractionné. (Th. Dimanche)
