Cher Vous,
Éditions Gallmeister continue d’exhumer les grands textes de la littérature noire américaine.
Avec Le corbillard zébré, The Zebra-Striped Hearse, de son blase original, tu découvres, ou retrouves, le détective Lew Archer.
Archer est apparu pour la première fois en 1946, dans la nouvelle Find the Woman parue dans Ellery Queen’s Mystery Magazine. Il a fallu attendre 1949 pour que le privé déboule dans un polar The Moving Target, et encore, ça c’est pour les Ricains. En France ce fut 1954. Ce premier tome des aventures de ce détective a d’ailleurs été réédité
par Gallmeister en 2012 sous le titre Cible mouvante.
Mais revenons à nos moutons, enfin à notre zèbre…
Si tu ne le connais pas, Archer est un privé dans la veine de Marlow, le héros de Raymond Chandler. À la différence que Archer est plus «humain», il compatit, comprend, que ce soit les familles des victimes, mais aussi les accusés.
Souvent, et c’est le cas dans ce roman, il est confronté à la bourgeoisie ricaine, lui qui aurait plus des tendances du côté des Démocrates, se retrouve souvent embauché par des Républicains…
Cette fois-ci, c’est le colonel Blackwell, un militaire à la retraite, raide comme la justice, qui fait appel à Archer. Sa fille âgée de vingt-quatre carats, toute prête à hériter d’un demi-million de dollars, s’est entichée d’un artiste ! Pense donc, un peintre bohème sans le sou, Blackwell n’aime pas ça ! Alors il demande à Lew de fouiller, un type comme ça ne peut pas être net…
Larcher fouine, tel un ratier, il creuse, déterre des cadavres… Mais qui sont ces macchabées ? Qui les a occis ? Rien n’est certain, et Archer n’a pas pour habitude d’avoir des certitudes…
C’est du bon vieux polar à l’ancienne, le genre que tu lis dans ton canapé avec un bon rhum, voir un excellent whisky tourbé et un cigare.
Est-ce les vapeurs éthyliques du Bayou Spiced ou la fumée du Roméo & Juliett 1 000 fleurs ?
Mais je lui trouve un côté Columbo à Archer, me demande si Richard Levinson et William Link ne se sont pas inspirés de ce personnage pour créer le leur.…
Il reste encore à Éditions Gallmeister huit tomes de la série Lew Archer à retraduire et rééditer, je les attends de pied ferme !
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/01/21/38772335.html
Un très bon polar noir à l'ancienne
Le très autoritaire Colonel Blackwell est inquiet : à vingt-quatre ans, sa fille Harriet doit hériter de sa tante à son prochain anniversaire. Or, la voilà entichée d’un peintre sans le sou au passé pas très net, qui semble user de plusieurs identités… A peine ce père a-t-il engagé le détective privé Lew Archer pour démasquer celui qu’il suspecte d'être un dangereux coureur de dot, que le jeune couple disparaît.
C’est un classique du polar noir américain des années soixante que remettent à l’honneur les Editions Gallmeister, par cette nouvelle traduction, pour la première fois intégrale, qui redonne vie au détective Lew Archer, personnage récurrent de Ross Macdonald. Fin psychologue au grand coeur, notre limier se retrouve plongé dans une intrigue compliquée qui réserve bien des surprises, tant couvent de troubles secrets derrière la respectable façade de la bourgeoisie californienne. Avec ses doubles ou triples fonds, l’histoire s’avère bien ficelée et ses protagonistes crédibles dans leur complexité. Peu à peu se dessine un tableau coloré, mais sans illusion, des différentes populations qui se croisent sur cette côte du Pacifique, à deux pas du Mexique : entre nantis qui cachent leur mal de vivre dans leurs somptueuses villas, et modestes employés aux vies misérables, évoluent marginaux en tout genre, artistes aiguillonnés par l’espoir de percer, surfeurs bigarrés un rien zébrés, joueurs de casino prêts à perdre l’argent du ménage...
Avec son rythme sans temps mort, son intrigue habilement tissée et ses révélations savamment distillées, cette très bonne enquête policière à l’ancienne est une fort agréable occasion de découvrir un écrivain réputé maître dans l’art du roman noir américain.