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La première ligne du récit de Bernadette Szapiro évoque la silhouette à peine entrevue d'un jeune homme en costume kaki de soldat. Ce jeune homme est son père. Il mourra bientôt, en 1940, d'un coup de mousqueton, qu'il se donne volontairement en première ligne. De la guerre (d'hier) à la mémoire (d'aujourd'hui), le lien est tissé par l'écriture, et cette mort mystérieuse accompagne l'orpheline, comme une ombre portée, sur le chemin de son enfance.
Trimbalée par sa mère de pays en pays, recueillie par des amis ou des parents, tour à tour en Belgique, en Angleterre ou en Espagne, hébergée à Paris dans des logements de fortune, la fillette mène une vie errante et émerveillée, gardant en elle la nostalgie d'un passé et d'un soldat qui ne reviendront jamais. Un jour pourtant, la rencontre aura lieu, quand, devenue adolescente, elle découvrira les lettres de son père, retrouvera ses racines à travers le journal de son aïeul Simon.
De la première à la dernière ligne, la jeunesse de la vie lui redonnera ce qui fut perdu. Composé comme un carnet de croquis stupéfiant de justesse, où se juxtaposent anecdotes et scènes familiales, ce roman de Bernadette Szapiro nous bouleverse par sa simplicité et son naturel.
