Je n’ai pas lu le livre précédent de Grégoire Delacourt et suis donc, vierge -ascendant je ne suis pas au courant- de tout regret, de toute attente. Les noms des acteurs américains me sont totalement inconnus.
Ceci posé, passons au livre. Je remercie Jeudis critiques et la librairie Decitre pour m’avoir gentiment envoyé cet ouvrage et permis de découvrir un nouvel auteur. Si ce livre vous tente, allez voir les chroniques des autres lecteurs sur le site
Célibataire, solitaire plus que seul, sa journée de travail achevée, Arthur Dreyfuss se met à son aise (marcel et caleçon).
C’est sans compter la divine providence qui se matérialise sous la forme d’un coup de sonnette. Il ouvre et………….. le destin se met en marche. Il se trouve nez-à-nez avec Scarlett Johansson. Avouez que cela fiche un coup aux plexus, il n’est plus solaire, il est radioactif, il irradie !
Les apparences sont parfois (voire souvent) trompeuses. Comment vivre la vie de tout le monde lorsque l’on est le sosie presque parfait d’une beauté à la plastique irréprochable avec des nibards tout ce qu’il faut pour la main d’un honnête homme (je sais, ce n’est pas très relevé, mais la pauvre Jeanine Foucamprez (c’est son vrai nom) ne voit que cela dans le regard des hommes, sauf dans celui d’Arthur. Une idylle très lente se noue entre les deux jeunes gens. Tout est parfait, rêvé jusqu’au moment où Arthur après des ébats déclare à sa belle : « Je t’aime Scarlett » « Quand leurs corps retombèrent, quand la moiteur se fit frisson et que le froid salé commença engourdir leurs doigts, Arthur Dreyfuss sourit, doucement ivre, amoureux, et ces mots qui changent une vie s’envolèrent – Je t’aime Scarlett. Et le cœur de Jeanne s’arrêta. »
Et tout changea…
C’est un livre très agréable à lire quoique avec quelques longueurs…. Les tourtereaux, l’amour idéal…. Lasse quelque peu. Oh, Zazy, ne serait-ce pas là l’ombre d’un point de jalousie que j’aperçois ?
Passons outre ce petit détail. Grégoire Delacourt a fort bien dépeint les affres, les problèmes, les difficultés d’être sosie d’une star, d’une beauté. Soutenir le regard concupiscent des hommes, la haine à peine voilée des filles. « Mon corps est ma prison. Je n’en sortirai jamais vivante. » Perdre toute identité personnelle, ne plus être Soi, mais l’Autre, l’Autre qui vous bouffe, vous détruit, vous suce le sang jusqu’à la moelle. Une partie très intéressante de ce livre.
Afin de ne pas trop tomber dans les « chabadabadas », Grégoire Delacourt commet quelques digressions géographiques, généalogiques de temps à autres amusantes.
Vais-je me faire lyncher ? J’ai aimé lire ce livre, mais….. il me manque quelque chose ou il y a quelque chose en trop. Grégoire Delacourt ne fait qu’effleurer le sujet. Nous accompagnons Arthur Dreyfuss et Jeanine Foucamprez, ces deux paumés de la vie, orphelins de père, bousculés, blessés de la vie, mais c’est tout, j’aurais aimé que ce livre me bouscule un peu plus.
93-58-88 pour elle 90-60-87 pour moi
- "Excusez-moi, excusez-moi, vous êtes Izzie Stevens ?"
"C'est le malheur qui a besoin d'amuse-gueule, c'est le malheur, pas le bonheur !"
On dirait que cette fois il faut trancher sur le dernier Grégoire Delacourt, être plutôt négatif et comme certains critiques trancher en le traitant de vilain "publiciste", la haine n'est pas loin ou l'assimilation... C'est le danger d'être populaire, on vous snobe et parfois on vous boude en grand nombre. Moi j'ai retrouvé le même tragi-comique en milieu populaire assaisonné de saillies plus crues ou de poésie qui le caractérise. Ce n'était pas non plus une répétition des précédents. Et puis, ça m'a touché, amusé et intéressé parce qu n'en n'est-il pas aujourd'hui ainsi de nos vies faisant yoyo entre ciné et vie réelle, tragédie personnelle minuscule et tragédie d'acteur, banalité et grand spectacle, fausse ressemblance et faux airs, et le people qui noie le tout, englobe tout ça rendant encore plus floue les lignes, les frontières de nos vies et des leurs. Autour du rêve, les sables mouvants ou chacun s'enfonce s'accrochant au spectacle d'autres vies que la sienne... Hollywood parfois crève l'écran et débarque dans un petit village comme le nôtre, un peu caricatural certes mais encore une fois, c'est une fable comme ces autres livres. Je le trouve assez bien foutu ce livre et la tragédie par ressemblance de Jeanine Foucamprez m'a ému, touché. C'est malin comme truc parce que c'est dangereux la beauté, ça attire tous ce qui peut la détruire et ça arrive à tous. Faire les courses, faire l'amour, c'est assez banal mais pas tant que ça, c'est assez réussi même si le décor impose un peu de guimauve et de stupeur mais ça prend. La plus belle femme du monde qui piquerait à son négatif sa vie, c'est pas con et ça fonctionne. Une grande actrice qui fout la merde dans une petite vie. C'est aussi une originale manière de relire un poète disparu, Jean Follain, qui bienheureux ne doit plus rien à personne là ou il est, lui. (Je me souviens mon père comme tant d'employé avec une photo d'Elisabeth Taylor dans sa poche et son faux air de James Dean sur son scooter qui devait plaire à ma mère, c'est sur). Le corps comme un manteau, comme une prison, moi j'y crois et je trouve le truc pas mal tourné, et n'en déplaise aux prétentieux mais il me semble qu'on écrit pour être lu et que ce livre avec tout ce qu'il contient qui n'est pas rien peut-être lu par le plus grand nombre et pourquoi pas faire sourire, interroger, parler mais ça ça ne nous regarde plus. C'est une petite histoire de cœur magnifique et triste et ennoblir un peu la simplicité n'est pas un mal. Encore une fable cruelle...