La crise, quelles crises ? - E-book - PDF

Avoir aujourd'hui 20 ans, ce n'est plus vraiment avoir la vie devant soi, mais se trouver, au Nord comme au Sud, face à l'ombre multiforme de la mort. Outre d'innombrables foyers de violence, guerres programmées ou non, deux sources empoisonnées inondent actuellement l'humanité, et lui inoculent silencieusement : - une mort sociale, ou plutôt une non-existence : le chômage ; - une mort affective et physiologique : le SIDA. Les similitudes des deux maux sont nombreuses.
Le chômage structurel constitue une des infections opportunistes liées à la propagation universelle de l'intégrisme libéral. Le virus responsable revêt deux formes complémentaires : - LPF1 : la "loi du plus fort", responsable des syndromes de type GATT, FMI ; - LPF2 : la "loi du plus fou", à l'origine des syndromes de type ONU, CEE. L'épidémie est grandement facilitée par la règle sacro-sainte du libre-échange d'une part, et par l'abdication de toute conscience citoyenne d'autre part ; ce qui contribue à accélérer la substitution de la technocratie à la démocratie, et à constituer une caste politico-affairiste hors de portée des principes et des institutions juridiques, auxquels sont soumis les simples citoyens. Les pays industrialisés développés sont contaminés ; les pays les moins avancés sont surinfectés.
Quart Monde et Tiers Monde meurent des mêmes blessures : corruption, productivisme, exclusion, indifférence. Les virus ne connaissent pas de frontières. Aussi, prétendre à l'aménagement de solutions politiques, économiques et sociales nationales constitue un non-sens et une supercherie, véhiculée aujourd'hui par quasiment tous les partis politiques, qui se refusent à dire la vérité et maquillent de plus en plus mal leur absence de programme par une langue de bois qui ne fait plus illusion. Pourtant, une information et une sensibilisation sans frontières permettraient de générer une vaste mobilisation démocratique et pacifiste, seule apte à : - contrer les "lobbies" servant actuellement les intérêts particuliers les plus nocifs ; - lutter contre la corruption, tant au niveau national qu'international ; - déterminer des zones d'échanges commerciaux socio-économiques homogènes ; - participer à l'accès des pays les moins avancés à leur autonomie économique, plutôt que d'entretenir leur dépendance et une pseudo-coopération aggravant leur faillite ; - prévenir ainsi les crimes liés aux échanges internationaux : esclavage, prostitution enfantine, ventes et trafics d'armement, etc. Renoncer, a priori, devant l'apparente ampleur de la tâche n'aurait aucun sens, car ce n'est en fait qu'une poignée d'individus, de "valets de la mort", qui parvient à semer l'exclusion, la misère et la guerre sur Terre.
Ils ne jouissent, en réalité, que de la seule puissance de notre ignorance, ou de notre indifférence. Dociles victimes d'un pseudo-rationalisme technocratique, nous vouons un culte fétichiste aux chiffres de l'impossible, et négligeons presque toujours ceux du possible. Or, il suffirait qu'une personne en motive deux autres, et qu'elles-mêmes en mobilisent chacune deux autres, et ainsi 32 fois de suite, pour que les cinq milliards et demi d'êtres humains constituant la population mondiale actuelle entreprennent la conversion de notre enfer en une Terre plus humaine. Ainsi, le mot "pouvoir" perd son sens. C'est dans "vouloir", que tient tout entier l'avenir de l'humanité. Pourquoi attendre plus longtemps ?