En cours de chargement...
Une édition de référence d'À l'ombre des jeunes filles en fleur de Marcel Proust, spécialement conçue pour la lecture sur les supports numériques.« Ma mère, quand il fut question d'avoir pour la première fois M. de Norpois à dîner, ayant exprimé le regret que le professeur Cottard fût en voyage et qu'elle-même eût entièrement cessé de fréquenter Swann, car l'un et l'autre eussent sans doute intéressé l'ancien ambassadeur, mon père répondit qu'un convive éminent, un savant illustre, comme Cottard, ne pouvait jamais mal faire dans un dîner, mais que Swann, avec son ostentation, avec sa manière de crier sur les toits ses moindres relations, était un vulgaire esbroufeur que le marquis de Norpois eût sans doute trouvé, selon son expression, "puant".
» (Incipit.)
Déconcertant
Disons-le tout de suite, ce n'est pas mon tome préféré parce qu'il m'a totalement déroutée, à un tel point que j'ai été obligée d'aller chercher de l'aide auprès de ma collègue Michèle qui a su me diriger vers deux articles intéressants et surtout m'expliquer avec ses mots simples de prof de lettres pourquoi Marcel Proust, dont la mère était d'origine juive, tenait des propos qui me semblaient friser l'antisémitisme. Et là, il faut que j'admette mon ignorance, je ne connaissais pas les origines juives de Proust et je ne savais pas qu'il était homosexuel. Pour tout autre livre, ça n'aurait peut-être pas d'importance. Mais dans la grande oeuvre qu'est A la recherche du temps perdu, l'antisémitisme et l'homophobie qu'on peut attribuer à l'auteur sont tant liés à son désir de cacher ce qu'il est à une société qui ne pourrait pas l'accepter que ça devient essentiel. Et ce n'est donc qu'au quatrième tome de cette intégrale que j'ai compris que j'avais raté l'importance des allusions à la religion catholique, et que si j'avais apprécié à sa juste valeur la description des aubépines dans le premier tome, je n'en avais pas compris la portée. Je dirais donc que ce tome n'est pas mon préféré mais qu'il restera gravé en moi pour m'avoir dessillé les yeux.