Bertrand Villar

Dernière sortie

Des salamandres au bord des yeux

Il en fallait davantage pour nous décourager. Trois jours que dans le ciel, salves, éclairs et rincées n'arrêtaient pas d'en découdre et de se renvoyer la politesse. Certes, notre patience avait commencé sa décrue et nos humeurs avaient atteint leur côte d'alerte et nous n'osions plus mettre le nez dehors, musarder sous le trémail pétaradant de l'orage. Au moins, en étions-nous maintenant certains, le soleil, avec ses minauderies de majorette et sa chevelure anis, avait posé ses congés.
Et nous nous consolions en songeant à la salamandre rieuse et débonnaire se dodelinant sous les caresses pleurnicheuses de la pluie et festoyant aux agapes tapageuses de la Sainte Trinité. Mais bientôt, cela ne faisait aucun doute, l'accalmie et sa clémence émergeront de leurs limbes. Il sera alors temps de sortir pour aller murmurer à l'oreille de nos îles perdues et de nos fragrances oubliées, nos mots de santal et nos paroles cotonneuses, seuls capables de tenir tête aux tempêtes et de conjurer les naufrages.
Dans l'estuaire de nos pensées, lézarder sur le sable et plonger dans les vagues ne sont pas irréconciliables. Nous ne sommes pas sans espoir et l'éternité a encore de beaux jours devant elle. Le regard est un passe muraille qui glisse comme gelées de lumière, le rêve, un récidiviste libéré à perpétuité. Pour l'heure, cajolons ce que nos mains ne sont pas capables de saisir, ni d'étreindre. Le mystère et l'infini viendront alors se pelotonner tout entiers au seuil de nos paumes.
Il en fallait davantage pour nous décourager. Trois jours que dans le ciel, salves, éclairs et rincées n'arrêtaient pas d'en découdre et de se renvoyer la politesse. Certes, notre patience avait commencé sa décrue et nos humeurs avaient atteint leur côte d'alerte et nous n'osions plus mettre le nez dehors, musarder sous le trémail pétaradant de l'orage. Au moins, en étions-nous maintenant certains, le soleil, avec ses minauderies de majorette et sa chevelure anis, avait posé ses congés.
Et nous nous consolions en songeant à la salamandre rieuse et débonnaire se dodelinant sous les caresses pleurnicheuses de la pluie et festoyant aux agapes tapageuses de la Sainte Trinité. Mais bientôt, cela ne faisait aucun doute, l'accalmie et sa clémence émergeront de leurs limbes. Il sera alors temps de sortir pour aller murmurer à l'oreille de nos îles perdues et de nos fragrances oubliées, nos mots de santal et nos paroles cotonneuses, seuls capables de tenir tête aux tempêtes et de conjurer les naufrages.
Dans l'estuaire de nos pensées, lézarder sur le sable et plonger dans les vagues ne sont pas irréconciliables. Nous ne sommes pas sans espoir et l'éternité a encore de beaux jours devant elle. Le regard est un passe muraille qui glisse comme gelées de lumière, le rêve, un récidiviste libéré à perpétuité. Pour l'heure, cajolons ce que nos mains ne sont pas capables de saisir, ni d'étreindre. Le mystère et l'infini viendront alors se pelotonner tout entiers au seuil de nos paumes.

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