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Sous la IIIe République, les Sociétés savantes de la Somme connurent un essor important et leur audience fit de rapides progrès. Dans un premier temps, le recrutement s'est limité aux classes dirigeantes amiénoises et abbevilloises : aux descendants des familles anciennes se sont joints des industriels et des politiciens. Les notables, écartés de la politique sous la République, ont trouvé une activité de substitution dans leur participation aux Sociétés savantes; d'autres membres y ont cherché une consolidation de leur position sociale.
A partir des années 1890, les Sociétés savantes s'ouvrent au monde enseignant; de nouveaux membres sont recrutés au sein de la bourgeoisie moyenne, en raison de leurs qualités intellectuelles et de leur activité érudite.
Les Sociétés savantes se sont intéressées à l'histoire, aux traditions locales et populaires paysannes, au dialecte picard. Leurs membres expriment ainsi leur attachement à leur « petite patrie » et leur volonté de retrouver les traditions de leurs ancêtres paysans. Mais cela, dans un esprit qui n'est ni exclusivement réactionnaire, ni étroitement régionaliste. L'amour de la petite patrie se combine avec celui de la grande.
La condamnation de la centralisation n'implique pas de rupture avec la capitale où les membres des Sociétés vont volontiers chercher une aide matérielle et la consécration. De nombreuses communications d'érudits de la Somme furent publiées dans la Revue des Sociétés savantes du Comité des Travaux historiques. Certains de ces érudits portèrent le titre très envié de correspondant du Comité.
Les Sociétés savantes diffusèrent une culture destinée d'abord à une élite, culturelle, fortunée et masculine comme il se doit, mais elles ne furent étrangères ni à l'esprit de progrès, ni à la modernité.
Adeline DAUMARD
