Tania Bari. Etoile Du Ballet Du Xxeme Siecle

Tania Bari incarne la féminité en toute sa puissance et son mystère, avec cette délicate fusion d'immarscessible séduction et de puissance chamelle. Aucun Stradivarius n'a pu toucher son âme, ni modifier en quoi que ce soit l'émotion de son extrême sensibilité. Et Maurice Béjart, moins que tout autre, puisqu'il n'a eu de cesse de rechercher celle à qui il pourrait l'opposer. L'histoire de tant de ballets nous le prouve, du Sacre du printemps au Boléro, jusqu'à l'instant où le chorégraphe ratera certains ouvrages qu'elle sera la seule à pouvoir interpréter. Fascinante obsession de l'équilibre précaire - délicate balance - qui représente le rapport subtil entre le chef-d'œuvre et l'étoile. Qui crée un ballet ? Le chorégraphe ou son interprète ? Là encore, citons Béjart : " Il faut être deux pour faire un ballet, comme pour faire l'amour ! ". Antoine Livio Tania Bari possède la simplicité des grands interprètes, au sens propre comme au sens figuré. Dans sa danse aucun mouvement frelaté. Une rigueur luthérienne dans son travail donnait à son talent cette pureté d'âme. Aussi était-ce une joie de constater l'impact de son art sur les milieux professionnels du théâtre, comédiens et jeunes metteurs en scène d'alors. Plus d'un d'entre eux aurait souhaité, en l'occurrence, être chorégraphe. Combien de fois n'ai-je pas entendu les commentaires du public, fasciné par cette étrange présence, Ange et Démon, avec un feu brûlant sous un aspect - apparent - de glace. Cet être qui, comme par enchantement, se transformait sous les feux des projecteurs pour incarner des personnages aux facettes multiples. Comme cette femme en quête d'amour absolu, dans A la Recherche de Don Juan, belle comme un astre, donnant la réplique chorégraphique à la grande Maria Casarès. A chaque spectacle, son apparition avait le pouvoir de créer ce fluide de silence intérieur et respectueux, que ressent le public à l'égard des plus grands interprètes. Bari, magicienne Circé du spectacle, femme Sphinx troublante et mystérieuse, a servi de son incroyable personnalité le " Ballet du XXe siècle ", apportant un type de danseuse nouveau à l'art chorégraphique. De nombreux et talentueux danseurs ont participé à d'innombrables créations de Maurice Béjart, mais restreints sont ceux qui furent des piliers de la compagnie. Tania était l'un d'eux. Ceux que j'appelle piliers doivent posséder le sens du rituel, afin de se construire en faisant de leurs défauts et faiblesses des qualités. Et l'indispensable amour réciproque avec le chorégraphe. De cette osmose surgit toute vraie création, car ces élus sont les ténèbres et lumières de toute inspiration chorégraphique. Tania Bari, de ses lumières diaphanes ou solaires, éclaire les plus belles années du " Ballet du XXe siècle ". Elle demeure pour moi le plus bel exemple du triomphe artistique, par la ténacité de sa lumineuse humilité intérieure. Germinal Casado