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Quinze ans ! Autant dire qu’on l’attendais, le nouveau roman d’Alain Damasio, et force est de constater que l’on a pas attendu pour rien., loin de là.
Si l’essai avait déjà été magistralement transformé avec La horde du Contrevent, tant au niveau du langage utilisé (malmené ?) que dans les subtilités scénaristiques, on ne peut que constater que Les furtifs est un livre peut-être encore plus abouti sur certains points, ou tout du moins plus contemporain.
Nous voilà dans une société dystopique assez crédible, où les villes sont rachetées par des multinationales, et où
les humains possèdent tous une bague qui leur impose une surveillance constante. Dans ce maelstrom, on fait la connaissance de Lorca, à la recherche désespérée de sa fille, persuadé qu’elle a été enlevée par des « furtifs », des formes de vie invisibles à l’œil nu.
A mes yeux, Damasio est un auteur unique en son genre car sa littérature, ardue et engagée, essore littéralement la langue française, il la tord et la distend tel un démiurge pour faire virevolter les mots et les symboles. Cela fait tourner la tête, cela dérange parfois, mais cela ne peut, et ne doit pas laisser indifférent.
Un diamant brut, qui valait bien 15 ans d’attente !
C’est avec jubilation que l’on retrouve le commissaire Soneri pour une nouvelle enquête, au cœur d’une Parme moite et suffocante. Et c’est d’abord cela qui frappe chez Varesi (comme dans Le fleuve des brumes), ces descriptions enfiévrées de la ville au cœur de l’été, les ventilateurs qui tournent à plein régime, comme pour balayer les états d’âme de ces flics au bout du rouleau… On se laisse transporter par l’ambiance, donc, par ce rythme langoureux dans l’écriture comme dans le récit, et surtout par des dialogues formidables, qui font tout le sel de ces Mains
vides.
Soneri est aux prises avec une double enquête : d’une part, le meurtre d’un commerçant a priori, sans histoires, qui l’amène bien vite à Gerlanda, un usurier avide aux méthodes détestables, qui cache en fait une supercherie bien plus étendue. D’autre part, le pauvre Gondo, dont le vol de l’accordéon se révèle être plus qu’une coïncidence…
On a un vrai plaisir à voir le pauvre Soneri se dépatouiller dans ces enquêtes, mais dont le flair infaillible le fera mettre à jour une vérité tristement contemporaine.
Le meilleur ?
Une excellente surprise, de la part d’un auteur monumental. Moi qui avait adoré Seul le silence, j’ai retrouvé, avec ce Chant de l’assassin, le même bonheur intense à la lecture, la même envie frénétique de connaître la fin de l’histoire… Ce qui est vraiment génial et réussi, chez Ellory, ce sont toujours ses personnages, et quels personnages, ici ! Dans les années 70, Henry et Evan, compagnons de cellule, se séparent : Evan, condamné à perpétuité, donne à Henry une lettre pour sa fille Sarah, qu'il n'a jamais connu, et demande à Henry de la retrouver, et de la lui donner. Mais la tâche se révèle ardue car Carson, le frère de Evan et shérif de la ville, ne voit pas ces démarches d’un très bon œil… Évidemment, les 2 frères ont un secret bien enfoui, et c’est en alternant le passé et le présent, et à travers une construction impecablement travaillée, que l’auteur nous amène au dénouement. Peut-être le meilleur Ellory ?