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L'objet de ce livre est de rechercher la place des thématiques ésotériques dans la stratégie développée en France par les jésuites au tournant mouvementé du XVIIIe siècle. Dans le cadre de leur mission pastorale de défense de la tradition catholique définie au concile de Trente, les pères jésuites s'appuient sur les productions littéraires de leurs écrivains professionnels et sur l'outil journalistique des Mémoires et du Dictionnaire universel de Trévoux pour concrétiser leur projet pédagogique.
Ils s'attachent à investir les savoirs scientifique et historique en essayant de définir plusieurs notions traitées par la physique (l'attraction, la matière, le vide, etc.), tout comme ils s'efforcent de préciser la fonction des fables de la mythologie antique et de justifier la grande ancienneté de la chronologie biblique face à la découverte des Annales chinoises. En même temps, les pères abordent plusieurs questions fondées sur la notion de secret qui, à ce titre, se rattachent aux thématiques ésotériques.
S'il s'agit pour eux de susciter un débat propice au déploiement d'un discours rhétorique plutôt que d'affronter directement les arguments adverses, les religieux de la Société de Jésus opèrent une récupération de telle ou telle thématique au gré des opportunités, afin de s'en servir pour justifier leurs propres idées. Une stratégie ambiguë qui cache mal une incapacité à bâtir une doctrine cohérente et dont l'enjeu est double : apporter des réponses aux critiques protestantes qui menacent la tradition catholique et préserver les mystères cachés d'une nature créée par Dieu, au risque de soutenir des positions scientifiques obsolètes.
