Un nez inconnu et un comédien américain très connu (sauf d’elle) sont assis côte-à-côte dans un avion…… va-telle céder, vais-je lire un roman à l’eau de rose ? Pour un nez, ce devrait être de belles roses de Damas odorantes ! cessons-là les railleries, car « le roman du parfum » est tout autre.
Pascal Marmet nous transporte, c’est bien le mot, au pays des parfums. Tony Curtis en sera le fil rouge. Il égrène, dans ses moments d’assoupissements, les souvenirs de sa vie d’acteur et d’homme. J’ai ainsi découvert son vrai nom ainsi que son enfance misérable mais servie
par une belle gueule. Sabrina, nez absolu, quant à elle a vu sa vie changer lorsqu’Etienne Gaillard l’a remarquée.
Vous voulez séduire Tony Curtis ? Faites-lui respirer des gouttes de lavande et menthe poivrée le temps que l’avion prenne décolle.
Voici la description olfatique de Tony Curtis par Sabrina : « Son parfum tout féminin vibrait à la perfection dans mon tunnel olfactif. Ce jus de jasmin de Grasse adoubé de baume du Pérou, de mandarines, de bois de rose, d’opopanax, de benjoin de Siam, de cuir de Russie était, à n’en pas douter, le très fréquentable Shalimar. », tout y est !! La curiosité (qui n’est pas forcément un vilain défaut) l’emporte sur la gêne provoquée par cette voisine non prévue. Sabrina va lui conter l’histoire du parfum et j’en ai profité bien au chaud sous la couette avec des huiles essentielles de lavande sur l’oreiller.
Sabrina nous raconte la marchandisation de ce produit de luxe par le remplacement des composants naturels par des molécules de synthèse qui a permis la démocratisation du parfum, les longues recherches pour créer un nouvel assemblage
Mais, à quoi sert le parfum ? « C’est notre part de rêve, Tony La première inhalation est comparable à un émerveillement. Et à quoi sert un tableau de Modigliani ou un requiem de Mozart ? Un chef d’œuvre d’harmonie ne se mesure qu’à l’aune de son esthétisme universel. »
Le parfum se doit d’être subtil, fin, pas envahissant tout en étant présent. Je pourrais donner ces qualificatifs à ce roman. Lire ce livre après un ouvrage qui m’a totalement absorbée était un grand challenge, et Pascal Marmet a réussi. A travers ce voyage, il nous parle de sa grande admiration pour Tony Curtis que je n’avais vu qu’à la télé dans « amicalement vôtre ». C’est également une ode aux parfumeurs et aux « nez », ces « éleveurs » de parfums qui travaillent dans l’ombre et qui ne sont jamais cités. L’élève Pascal Marmet a fort bien potassé ses leçons sur le parfum et a su les mettre dans la bouche de Sabrina sans que ce soit redondant. Cerise sur le gâteau, les titres ont soit des noms de parfums, soit des noms d’actrices et il y a les sous-titres ! « Le parfum, c’est un rêve en bouteille ; Viktor et Rolf » ou « les fragrances sont des murmures ; Stephan Jellinek olfactologue ».
Merci Pascal Marmet de m’avoir proposé et offert votre livre. Votre dédicace m’a faite sourire, oui c’est un beau cadeau de Noël.
excellent livre
Aux éditions du Rocher, il y a une collection très connue maintenant, celle des romans des lieux et des destins magiques, plus d’une quarantaine d’ouvrages, parlant avec passion d’un pays ou d’un personnage. Le roman du parfum en fait partie, pourtant il ne parle ni d’un lieu, ni d’un destin exceptionnel....
Le voyage en vaut le détour, quelques gouttes de Guerlain ou de Chanel et nous voilà emporté dans nos plus souvenirs d’enfance ; A cela le talent de Pascal Marmet y est pour quelque chose. Ce roman se lit comme on regarde un bon film et il se peut qu’il nous revienne en mémoire au détour d’un arôme, rendant un hommage bien légitime aux nez, souvent en coulisse.