Le paradoxe du héros ou D'Homère à Malraux

Suivre l'histoire du héros à travers les siècles, c'est à la fois s'intéresser à un idéal et aboutir à une contradiction : autant le héros paraît en effet nécessaire dans l'Antiquité pour fonder épopées et cités, autant il semble récusé à notre époque de "déconstruction". Sa critique serait-elle donc moderne ? Au-delà des apparences, les savants et universitaires internationaux ici réunis, montrent, avec A. Michel, comment dès l'Antiquité la nature du héros s'avère paradoxale. On voit ainsi qu'en Grèce, dès Homère, le héros se trouve humanisé (H. Petersmann) ; le destin d'Achille se renouvelle à 1'lle Blanche (E. Schwarzenberg) ; la maladie marque le héros tragique (M. Sow-Diouf) et la grandeur d'Epaminondas s'accompagne de sa déchéance (G. Vottéro). A Rome le héros se lie à l'événement historique pour devenir une sorte de citoyen modèle (P. Pouthier), le hasard est présent dans les actes de César (G. Vogt-Spira), une écriture secrète se cache dans les oeuvres de Virgile et Properce (J. Dion), la crise est manifeste chez Lucain (V. Zarini). Du Moyen Age jusqu'à Malraux, se retrouvent à propos du héros les mêmes thématiques, de gloire et d'échec dans la littérature du XIIe siècle (Ch. Brucker), de dénégation et résurgence chez d'Aubigné (C. Moins), de crise pour Coriolan (R. Robert) et d'héroïsme sans héros pour Malraux (G. Borréli). Le héros aurait-il donc toujours été à la fois affirmé et nié, admiré et contesté ? Ce paradoxe caractérise-t-il sa nature même qui est dépassement, mouvement vers l'idéal ? Face aux dogmatismes et aux triomphalismes, reprenons Homère et son Achille, par amour, retiré sous sa tente...