Le Luberon

Au rythme des saisons le Luberon a quatre vies. Quand le printemps l'éclabousse de premières fleurs, il se veut aimable, presque provocateur. Il est l'éphèbe antique et troublant des renouveaux travestis de vert et de blanc, le dieu capricieux des eaux furtives, de pierres bronzées qui se dévoilent, de faunes sauvages qui s'éveillent à tue-tête. Au lendemain du solstice de juin, il se fait dieu soleil, Zeus flamboyant, créateur de canicules imprévues écrasant combes et croupes luxuriantes, corps de femmes alanguis au soir de fêtes généreuses. De son promontoire, l'habitant souriant, observe la vague. Quand vient septembre, Dyonisos maître des animaux et des hommes, prend la danse sous des lumières tamisées qu'écrasent le pas du chasseur ou du randonneur. Les premières moiteurs de l'automne sont sensuelles de parfums âcres et enivrants, de terres lourdes. Les couleurs vont exploser. Temps idéal de la découverte. Puis, viennent les jours que les vents du Nord choisissent pour souffler leurs hivers. Le Luberon se caparaçonne de l'armure des chevaliers pour défendre ses châteaux. Altière beauté nécessaire à la réflexion des hommes. Voici, tel que l'ont souhaité René Bruni et Camille Moirenc, un autre Luberon, plus intime dans les nuances de son approche.