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Saturés de connexions, sommés d'être libres, comptables de l'amour et entrepreneurs de nous-mêmes, nous sommes épuisés par la société de la performance. Ayant perdu la faculté de désirer, le sujet contemporain, tel un personnage du best-seller 50 nuances de Grey, ne voit plus dans le monde que son propre reflet. C'est l'"enfer de l'identique", cette aporie née d'une jouissance pauvre qui rapporte tout à soi, au moindre coût.
Comment résister à cette mort programmée du désir ? Dans Melancholia de Lars von Trier Justine est sauvée par l'irruption de l' "autre". Marsile Ficin, lui, chante l'amour qui blesse et qui métamorphose. Le texte acéré de Byung-Chul Han est d'une justesse vivifiante. "Le désir de l'autre cède la place au confort du même."
Autrement votre....
Han est un penseur très original (Allemand originaire de Séoul, ancien métallurgiste..). Autrement édite "Le Désir" dans une collection particulièrement avisée de promouvoir des textes vivants, accessibles et profonds dans un format court. Lecteurs de philo, d'essais en tous genres, amateurs de textes exigeants et non spécialistes de tous bords, vous ne pourrez qu'être séduits par cette pensée dépourvue d'académisme et bourrée d'audace. Han va beaucoup plus loin qu'il n'y paraîtrait au premier abord et décale, fait sortir du cadre, la réflexion sur l'amour et le lien social en passant par la SF avec Ballard, le Mom Porn avec 50 nuances de Grey, Alcibiade avec Platon, Mélancholia avec Lars Von Trier, musique avec Wagner,peinture avec le Caravage...L'érotisme retrouve, ni plus ni moins qu'un vrai souffle de vie grâce à ce texte à ne rater sous aucun prétexte, réconciliant avec l'air de pas y toucher passion et raison.