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"… Un à un, les réfugiés montent sur l'Arade qui s'est agrippé au frêle pneumatique. Ils doivent laisser leurs sacs, leurs seuls biens, trempés dans le fond noyé de l'embarcation. Trois réfugiés restent à bord, tandis que 21 personnes dont cinq femmes, se retrouvent assises sur le petit pont avant et à l'arrière d'un patrouilleur qui peut transporter jusqu'à 70 personnes. Les rescapés n'ont apparemment pas de blessures et sont chaudement vêtus." Chassés par la guerre et la misère, 1 million de migrants seraient-ils en train de détruire l'Union des 27 pays du continent le plus prospère de la planète ? Après Sept jours à Calais qui dénonçait la frilosité de la France en matière d'accueil, Eric Chabauty, Pierre Freyburger et Luc Georges poursuivent dans La Dérive du Continent leur enquête sur la politique migratoire introuvable d'une Europe qui a choisi de sous-traiter la question des migrants à la Turquie pour quelques milliards d'euros.
Ce pacte, signé à Bruxelles le 18 mars 2016, envoie un message désespérant au monde. Pourtant, de Calais à Fribourg-en-Brisgau, de Varsovie à Heidelberg, de Müllheim à l'île de Lesbos, d'Etueffont, au pied des Vosges, à Gaziantep en Turquie, près de la Syrie en guerre, les trois auteurs ont aussi découvert les raisons de croire en une Europe plus généreuse. L'action des citoyens volontaires, des associations et des ONG en faveur de réfugiés courageux et déterminés, prouve que les sociétés civiles sont porteuses de solutions.
Encore faut-il que les Etats ne se retranchent pas derrière des frontières dérisoires par démagogie et pusillanimité mais au contraire, investissent comme l'Allemagne, appuient le travail des sociétés civiles pour faciliter l'intégration des demandeurs d'asile. C'est ensemble et non chacun de son côté que les pays de l'Union européenne relèveront les bouleversements migratoires à venir, un défi auquel l'Ancien Continent ne pourra pas échapper, une tâche aussi difficile et exaltante que sa reconstruction au milieu du xxe siècle.
Textes de Eric Chabauty - Pierre Freyburger, Photographies de Luc Georges, Préface de Thierry Kuhn, Président d'Emmaus France.
