Biographie d'Emile Pouget
Né en 1860, Emile Pouget s’investit très tôt dans le mouvement ouvrier. En 1879 en effet, il participe déjà à la création du premier syndicat d’employés à Paris. Fondant en 1889 son journal, Le Père peinard, il s’attache à éveiller les consciences ouvrières en dénonçant notamment l’illusion de la lutte politique. Il prône déjà l’action directe et la grève générale comme instruments de lutte préalables à la révolution. Au milieu des années 1890, alors que les anarchistes, suite à l’ère des attentats, restent divisés sur la question de savoir s’il leur faut ou non entrer dans les syndicats, Émile Pouget milite activement en faveur de leur entrée. Et lui-même s’y investit pleinement, jouant un rôle de plus en plus important au sein de la jeune Confédération générale du travail où il défend la tendance révolutionnaire du syndicalisme contre les réformistes. Il y fait notamment adopter en 1897 le principe du sabotage comme moyen d’action sur le patronat, et les revendications, en 1904, sur la journée de huit heures et le repos hebdomadaire. Il prend aussi en charge, à partir de 1900, le premier organe de presse de la CGT : La Voix du Peuple. En 1906, il participe à la rédaction de la motion qui sera adoptée par la CGT lors du congrès d’Amiens. Cette adoption signe la victoire — temporaire — du syndicalisme révolutionnaire au sein de la Confédération en affirmant l’autonomie syndicale quant aux partis politiques et la perspective, outre l’obtention d’améliorations immédiates pour les travailleurs, de leur émancipation intégrale par l’abolition du salariat et l’expropriation capitaliste. Après avoir tenté, en 1909, de lancer un grand quotidien syndicaliste révolutionnaire, La Révolution, qui cessera rapidement faute de moyens, Emile Pouget se retire du mouvement syndicaliste et meurt discrètement en 1931.