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Kyôto raconte l'histoire de deux jumelles, très tôt orphelines, qui ont été élevées séparément. Elles ne se retrouvent qu'une fois devenues jeunes filles. Mais elles ont été formées par des milieux à ce point différents que, d'elles-mêmes, elles décident de ne plus se revoir. Au-delà de ce thème très simple, c'est tout le drame du Japon moderne qui est le sujet de Kyôto : l'européanisation puis, après Hiroshima, l'américanisation accélérée d'une société qui avait jusqu'alors vécu sur des bases sociales, culturelles et morales entièrement autres.
C'est la décadence, la mercantilisation et l'enlaidissement irrémédiables de l'ancienne capitale de l'Empire du Soleil levant que ce grand roman sobre et pur nous permet de comprendre. Dès lors, la dimension universelle du Kyôto de Kawabata n'échappera à personne.
L'ancienne capitale
L'histoire des deux jumelles séparées à leur naissance n'est qu'un prétexte, la ville de Kyoto étant le personnage principal de l'histoire. L'auteur décrit les ravages de l'économie moderne, capitaliste, sur le travail traditionnel des artisans qui forment le coeur de l'ancienne ville. On retrouve ici un thème souvent traiter par Kawabata, sa nostalgie des coutumes anciennes, il nous fait visiter la ville, nous fait découvrir des fêtes, des lieux historiques, mais qu'en reste t' il aujourd'hui ? Beaucoup de japonais, de nos jours, célèbrent encore ce passé perdu. C'est une écriture descriptive, celle d'un promeneur qui observe à distance, impuissant face aux changements, et sa recherche de la pureté dans l'écriture est aussi une manière de préserver une culture en train de disparaître. C'est un peu comme une plongée à la recherche d'un Japon traditionnel, on est en apnée, tandis que l'occidentalisation avance. Sa propre mélancolie, son propre passé d'orphelin, suintent au travers des deux jumelles aux vies antagonistes, l'une vivant dans la montagne et l'autre à la ville, il transpose dans ces deux personnages ses propres tiraillements.