Fontaines du Comtat venaissin

Visibles ou cachées, courantes ou dormantes, les eaux sont partout présentes dans le paysage comtadin et jusque dans l'esprit des habitants qu'elles n'ont cessé de tourmenter par leurs mystères, leurs pénuries ou leurs excès. Insoupçonnable, l'eau souterraine surabonde. Elle dort depuis des millénaires entre d'épaisses couvertures d'argile, dans les bassins sédimentaires de Carpentras-Malaucène et de Valréas-Visan. Elle ronge sans bruit le calcaire du Mont Ventoux ou du Plateau de Vaucluse, trahie seulement par les exurgences du Groseau, de la vallée close ou de Notre-Dame des Anges. Elle sature les alluvions des vallées fluviales dans lesquelles les hommes puisent la quasi totalité de leurs besoins. Fallait-il parcourir le Comtat Venaissin historique, cet ancien Marquisat de Provence qui, au treizième siècle et pour un demi-millénaire, passa des comtes de Toulouse au Saint-Siège ; ce territoire entre Rhône, Durance et Berre ? Préférions-nous ce Comtat aux contours flous, géographiquement défini comme une harmonieuse juxtaposition de plaines et de collines entre le Rhône, la Durance et les montagnes vauclusiennes, présentant une incontestable unité géologique, climatique, végétale, culturelle ? Fallait-il adopter l'appellation "Comtat" délimitée par l'INSEE en 1946, entre Rhône, Durance et une ligne brisée passant par Cheval-Blanc, Carpentras et Orange ? En fait, nous n'avons retenu aucune de ces trois définitions. D'abord, parce que Jacques Galas, auteur des "Eaux et Fontaines des pays du Ventoux" (Edisud, 1992), laissant libre cours à son érudition et à son enthousiasme, glissa le long des pentes de son cher "Géant de Provence" jusqu'à s'aventurer dans le domaine des plaines qui ne nous était pas encore réservé. Ensuite, parce que, nous autorisant de ce précédent, nous avons pris la liberté d'annexer la principauté d'Orange et le terroir du Tricastin pour les intégrer à notre Comtat à géométrie variable.