Faire fortune en Afrique - Anthropologie des derniers colons du Katanga

On avait prédit la disparition des colons et des minorités allogènes en Afrique. Pourtant, dans nombre de pays du continent, les petits entrepreneurs occidentaux et asiatiques ont regagné de l'importance sur le marché et, partant, sur la scène politique. Bien que peu nombreux, ces acteurs étrangers, venus faire fortune en Afrique, ont conquis une nouvelle position stratégique au cours de la période trouble des années 1990-2000. Faut-il y voir une forme de recolonisation sous de nouveaux atours, désormais globalisés ? Ce livre explore ce phénomène à partir du cas des Européens du Katanga, en République démocratique du Congo. Ce groupe s'est fortement réduit au cours de la période postcoloniale. Toutefois, un millier de Belges, Grecs et Italiens résident encore au Katanga à l'aube du XXIe siècle et forment, plus que jamais, une minorité puissante sur le plan économique et politique. Au vu des tensions qui ont marqué l'histoire postcoloniale du Congo-Zaire, pourquoi sont-ils restés ou revenus dans ce pays ? Comment y ont-ils développé leurs affaires ? Pourquoi continuent-ils à vivre derrière une barrière raciale ? Et comment négocient-ils leur présence dans une arène politique aussi mouvante, rongée par la corruption ? Telles sont les interrogations auxquelles ce livre répond en s'appuyant sur une recherche ethnographique conduite au Katanga entre 2002 et 2004. Pour analyser cet objet peu étudié en sciences sociales, l'auteur va chercher son inspiration dans différents champs disciplinaires. Partant d'une critique de la littérature sur le capital social en économie, il dialogue, au fil des chapitres, avec les travaux des anthropologues, des historiens et des politologues sur le racisme, les minorités coloniales, le capitalisme et les économies informelles en Afrique. Par un aller-retour entre réflexions théoriques et observations ethnographiques, ce livre permet de comprendre le rôle joué par les minorités allogènes dans les évolutions récentes du secteur privé en Afrique. Plus largement, il offre de nouvelles clés pour analyser le mode de structuration économique, politique et symbolique des sociétés africaines confrontées aux défis du New Scramble for Africa.