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Au piano, une femme travaille, étudie, décrypte les Variations Goldberg, tente de comparer les différentes éditions de la partition, de s'approcher au plus près de la composition de l'oeuvre de Bach, de comprendre ce qui la porte au sublime. Ainsi éclairé par la musique et en écho aux variations se déploie peu à peu en elle un paysage auquel elle n'avait plus accès : les moments de joie, le quotidien, les simples détails comme les plus beaux souvenirs d'un passé partagé avec sa fille, aujourd'hui disparue.
Alternant le récit de cette vie familiale heureuse et sa réflexion sur les limites de l'interprétation, de l'appropriation personnelle d'une oeuvre musicale, Anna Enquist circonscrit clans ce livre le ressenti d'une existence brisée par la perte d'un être cher. Et c'est avec une sobriété remarquable qu'elle explore ce qui lui a peut-être permis de rester en vie, ce que l'art peut apporter de favorable à la reconstruction de soi, à la capacité d'exprimer ce qui doit être dit de soi-même et des autres.
La musique rétablit l'ordre dans le chaos
Il est question des Variations Goldberg, il y est question de techniques intrumentales et de solfège, certes. C'est parfois ardu.
Mais il y est surtout question de la vie de Bach et de la femme, une mère qui essaie de regarder vers l'avenir malgré la blessure béante du passé. Son travail au piano opère comme une thérapie et un baume.
L'écriture est belle, forte, intense.
"La musique rétablit l'ordre dans le chaos, à savoir la relation de l'être humain au temps" I. Stravinsky