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Ce livre retrace l'ascension sociale de Georges Duroy, un homme arriviste et séducteur, employé au bureau des chemins de fer du Nord et qui parvient au sommet de la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses et au journalisme... Grâce à un ami de régiment, Forestier, Duroy découvre les salles de rédaction et les coulisses de la vie parisienne. Il plaît aux femmes et est bien décidé à en profiter pour "arriver".
Mme Forestier, la femme de son ami, lui donne des conseils et l'aide à rédiger ses premiers articles. Puis Georges fait la connaissance de Clotilde de Marelle, une sympathique bourgeoise bohème, qui lui délivre une éducation sentimentale très libre. La très jeune fille de Mme de Marelle, Laurine, donne à notre héros le surnom de Bel-Ami. Offensé par son ami Forestier, Georges décide de séduire sa femme.
Dès le lendemain, il déclare son amour à Mme Forestier. Mais celle-ci le tient à distance et lui explique que si elle est disposée à être son amie, jamais elle ne sera sa maîtresse. Sensible pourtant à l'admiration que lui porte le jeune homme, elle lui conseille de rendre visite à la femme de son directeur, Mme Walter, qui "l'apprécie beaucoup". Duroy s'exécute. Il se rend chez elle et la séduit par son esprit.
Elle le fait nommer chef des Echos. Pour lui, l'ascension commence. Grâce à son manque absolu de scrupules et à ses talents de manipulateur, elle ne s'arrêtera pas...
Un monde de dupes.
Bel-Ami. Ainsi l'appelle cette petite fille d’habitude si réservée et taiseuse, mais qui sous le charme de ce jeune homme s'égaie et devient la petite fille joueuse riant aux éclats, qui se cachait jusque là. Comme elle, les adultes succombent au pauvre Georges Duroy, qui va s'élever socialement grâce à ce pouvoir d'attraction sur la gente féminine (mais pas que...).
Pourtant malgré ce rôle d'homme fauché qui s'extraie de sa condition pour intégrer un univers socialement et financièrement au sommet, il est difficile de voir en Georges Duroy un héros, parti du bas pour arriver tout en haut de l'échelle. Le personnage, sans être malveillant, est toutefois prêt à se jouer des autres, à profiter d'eux, à les tromper, enchaînant les mauvais tours comme il enchaîne les liaisons.
Mais au fond, ne se comporte-il pas comme les autres, ces riches personnages du grand monde qui utilisent tous les moyens pour s'enrichir (quitte à coloniser un pays pour faire remonter le prix des obligations), ces couples qui ne tiennent que sur leur position sociale (où chacun se trompe ou se sait trompé), ces démonstrations de force sous couvert de soirée caritative... ?
Maupassant dénonce ces choses sans faire de son personnage quelqu'un d'autre ; il n'est qu'un opportuniste parmi tant d'autres, un extracteur de filon qui n' pas trouvé d'or mais plutôt s'est découvert un charme qui lui permet d'abuser les autres.
Certaines femmes se laissent duper, deviennent même irréductiblement attachées à Bel-Ami, comme elles viennent à le nommer elles-aussi, l'épousent ou veulent le retenir comme amant.
Séduction, attachement, jalousie.
Le roman de Maupassant relate parfaitement les émotions mais aussi les relations toxiques, opportunistes voir manipulatrices de ses personnages. Il montre aussi les liens entre le monde du journalisme et de la politique, qui peuvent être multiples, entre pressions, coordinations malhonnêtes, influences et informations mensongères.
L'auteur parvient aussi à insérer des considérations plus personnelles quant au sentiment de solitude qui peut l'accabler, à travers ce joli (mais triste) discours de Norbert de Varennes. La peur de la mort aussi qui semble peser sur ses épaules...
Bel-Ami c'est l'art de parler de sujets forts, justes, touchants ou révoltants par le biais d'un récit simple et d'une histoire à priori banale dans laquelle évolue un homme qui n'a rien d'un héros, personnage plutôt détestable à bien des égards, mais qui embrasse le cadre de sa nouvelle vie pour fuir la pauvreté.