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Ricoeur a fréquemment témoigné de son admiration pour Vérité et méthode, pièce maîtresse de l'herméneutique de Gadamer. Les deux philosophes n'ont d'ailleurs pas manqué de souligner leur unanimité. Pourtant, une lecture attentive des œuvres de Ricœur et de Gadamer porte à croire qu'ils font chacun un usage spécifique des concepts formant le bien commun de la philosophie herméneutique depuis Schleiermacher, Dilthey et Heidegger.
Cet ouvrage entend prêter attention à la façon dont ces deux philosophes pensent la lecture. Il s'agit, plus précisément, de rendre raison d'une tension inscrite au cœur de la lecture elle-même, tension qui fait d'elle une expérience vive et inépuisable : la lecture nous apparaît tantôt comme une non-opération, un acte s'effaçant devant le texte lui-même, tantôt comme une appropriation active du texte par le lecteur.
Les deux philosophes se sont montrés également sensibles à cette tension inhérente à toute lecture, mais ils l'ont analysée de manière très contrastée. Ainsi, l'herméneutique de Gadamer enjoint au lecteur de se mettre à l'écoute de la tradition qui élève la voix depuis le texte. L'herméneutique de Paul Ricœur, quant à elle, discerne dans l'activité de lecture une nécessaire coopération à la configuration du sens.
Les deux herméneutiques, désormais achevées, offrent ainsi un double modèle d'analyse philosophique de la lecture, d'une grande fécondité.
