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Benazir Bhutto a été assassinée ! En cette fin d'année 2007, le Pakistan, une fois encore, était propulsé sur le devant de l'actualité par le sang et la tragédie. Une fois encore, se jouait une pièce étrange et cruelle, entre les protagonistes de la vie publique pakistanaise : l'armée, les fondamentalistes religieux, les élites féodales, les partisans de la démocratie, une pièce qu'on avait le sentiment d'avoir déjà vue.
De fait, incarnation, bon gré mal gré, de l'espérance démocratique depuis trois décennies, la Begum Bhutto se voulait avant tout une héritière, l'héritière d'un homme dont le portrait l'avait accompagnée durant toute la campagne électorale et dont le nom suffisait à mobiliser les foules, à leur rendre espoir Bhutto, Zulfikar Ali Bhutto, le Martyr Bhutto. Car tout était venu de lui, dès la fin des années soixante, cet espoir de modernité et de liberté, se confrontant aux dures réalités de la société pakistanaise.
En dix ans, en une trajectoire exceptionnelle, Bhutto avait accompli le cycle complet d'un destin politique au Pakistan. C'est ce parcours que nous nous proposons de suivre, pour lui-même bien sûr, pour sa valeur humaine mais aussi parce que, saisissant à bras-le-corps la réalité pakistanaise, il nous permet d'en mieux mesurer les contradictions et les enjeux, alors que plus que jamais elle semble devoir s'insérer sur les pages à venir de l'Histoire mondiale.
