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La grande bataille de notre temps en effet se situe sur le champ des idées. Dans le domaine du développement, entendu comme progrès social ou libération de l'être humain des affres de la pauvreté matérielle et morale, la vision et les valeurs qui la sous-tendent sont un préalable indispensable pour agir juste. Qu'il s'agisse d'adapter la machine économique pour rendre nombre de pays subsahariens moins dépendants de la conjoncture sur les marchés mondiaux de matières premières ; ou qu'il s'agisse de fabriquer les outils de leur cohésion interne à l'échelle du pays ou dans un espace plus large, l'efficacité ne dépendra ni du niveau de l'aide au développement ni de l'activisme politique des ONG lointaines, mais de notre capacité collective à assumer les mêmes valeurs pour le même but.
Plus que l'importation généralisée des biens que notre culture et nos industries ne produisent pas encore, l'appauvrissement est d'abord la consommation sans nuances des idées que nous n'avons pas conçues, y compris sur le plan des stratégies de développement, et sur lesquelles notre prise est bien lâche. Le développement n'est pas seulement une affaire économique ; pour chaque pays, il 'est toujours précédé d'une ambition, une vue claire des cibles par secteur, une grande affirmation de soi et, généralement, le reste, c'est-à-dire l'organisation et les capitaux, finit par suivre.
