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Aujourd'hui, l'ouvre de Marx est contestée ; la sociologie est en crise. À l'Est comme à l'Ouest, les progrès scientifiques et les luttes sociales remettent en question la stabilité des États issus de la dernière guerre. Quelle méthode peut permettre une analyse qui facilite l'interprétation des métamorphoses de nos sociétés ? Pierre Naville tente un effort qui a valeur épistémologique en mettant à l'épreuve des traditions pourtant bien établies.
L'une se réfère à la philosophie d'origine hégélienne, même interprétée par Marx et Engels. Une autre a pris racine dans la sociologie positiviste de Comte et de Durkheim. La plus récente est liée à l'usage des mathématiques classiques, celles de l'analyse, de la statistique et du calcul des probabilités. Enfin, la tradition des penseurs de la Chine et de l'Inde classiques, apporte son contingent d'interprétations incorporées à la culture scientifique de l'Occident.
En critiquant ces traditions dans leurs aspects les plus précis et opérationnels, Pierre Naville présente une orientation nouvelle, liée au développement moderne de la logique mathématique. Celle-ci permet des interprétations des mouvements sociaux actuels que ni la philosophie ni la mathématique routinières ne permettaient de bien saisir. Un nouveau langage de calcul devient alors nécessaire pour dégager le sens des phénomènes économiques et sociaux déroutant, pour les vieilles méthodes : universalisation des régimes de salariat, dérivation des formes du travail, rapports de dépendance, circuits de production et de distribution, nature des classes, entre autres.
