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D'un commun accord Yann et moi, en revenant vivre au « Cadran Solaire », avions décidé que notre vieille demeure familiale serait celle des uns et des autres. À nous de savoir en tenir la porte ouverte, à nous d'en faire « une maison sans clé ». Facile à dire ! Facile à vivre, à la rigueur, quand apparaissent sur le seuil, pour quelques heures ou pour un soir, Alexis, le jeune berger d'à côté, mon frère Guillaume et sa femme, des amis, des enfants de la Maternelle.
Beaucoup moins facile lorsque cette porte se sera refermée, et pour des mois, sur Sigrid, l'étrangère avec laquelle il faudra tout partager : la vie quotidienne, les matins et les soirs, nos enfants. Et même le compagnon de mes jours et de ma tendresse. Sigrid. Silhouette frêle, mais lourde d'un déchirant secret. Norvégienne inconnue à l'égard de qui je n'éprouvais pour l'instant que du souci, de la réserve, de l'appréhension.
Si j'avais pu imaginer combien son entrée chez nous allait perturber nos vies !
