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Malgré les contradictions criantes de sa réalité, le sport de compétition capitaliste prétend rester un îlot préservé de la politique, de l'argent, de la violence et du dopage. Devant l'ampleur des violations de la " morale sportive ", la soft-critique euphémisée, aujourd'hui à la mode, a pour fonction d'occulter une critique militante du sport autrement incisive, qui a permis l'ouverture du champ de la sociologie politique du sport.
Seule la critique radicale du sport s'est en effet concrètement attaquée à l'institution sportive, à son idéologie crétinisante et au procès de domination sur la corporéité. Dès les années soixante, des militants révolutionnaires ont posé les jalons d'une Théorie critique du sport qui alliera ensuite constructions conceptuelles et interventions dans l'espace public, notamment avec les boycotts des grandes messes sportives totalitaires.
Avec la revue Quel Corps, à partir de 1975 comme seule base logistique, mais comme machine de guerre qui a su donner un projet autonome et une volonté à cette critique radicale, le sport a été analysé comme phénomène social total, selon des approches pluridisciplinaires, contre toutes les divisions établies des sciences sociales d'Etat. D'une telle extériorité découlent un rapport à l'écriture et un type de lecture particuliers qui traversent le présent ouvrage.
Car la critique radicale du sport s'est élaborée dans la minorité, mais collectivement. Voilà pourquoi, ici et maintenant, de multiples voix hantent ce travail dans lequel on pourra lire, au-delà d'une histoire, un devenir. En outre, bien que datés, les textes gagnent à être lus selon un double mouvement, sensible aux contextes et, dans le même temps, ouvert aux problèmes qui les transcendent. On verra ainsi que l'exploitation politique du sport, sa mercantilisation, l'instrumentalisation du corps ou la mystification olympique ont non seulement un beau passé, mais sont encore promis à un bel avenir.
