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Partisan de la non-violence, le gouverneur général Félix Eboué s'est maintes fois refusé à utiliser la force, en se démarquant de certains administrateurs qui n'hésitaient pas à employer des méthodes brutales. Il privilégiait plutôt le dialogue, le contact direct avec le peuple et était opposé à toute " effusion de sang ". Il a été victime d'un processus d'avancement lent, dans sa carrière, imputable à son désir obstiné de mener, à l'encontre de ses supérieurs, une politique indigène respectueuse de la culture africaine et à sa prise de position louangeuse sur le roman, Batouala, de son ami René Maran, qui y fustige rudement les exactions de l'administration coloniale.
Ces déconvenues ont failli le pousser à la démission, mais Eboué ne savait pas qu'en Afrique l'Histoire l'attendait et qu'il allait devenir l'un des purs héros. Il fut gouverneur du Tchad en novembre 1938, lorsqu'il proclama le 26 août 1940 le ralliement de la colonie à la France Libre, puis gouverneur général de l'A.E.F., vers fin 1940. Les presses hitlérienne et mussolinienne se déchaînèrent alors, accusant la France de " la situation humiliante et grotesque " créée par la nomination d'un Noir à un poste de premier plan.
A travers cet ouvrage, nous avons voulu réhabiliter ce grand humaniste, d'origine guyanaise, petit-fils d'esclave, qui a été le Premier Résistant de l'Empire. Car en parlant par exemple de lui à un Français, celui-ci vous dira certainement: " Ah ! j'ai entendu parler vaguement de lui, mais je ne savais pas que c'était un Noir. J'ignorais qu'il a joué un rôle important dans la résistance face au régime de Vichy " ou encore : " Je ne me fais aucune idée de ce personnage ".
