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L'an dernier, quelque trente-cinq mille migrants ont transité par l'île grecque de Leros au cours de leur périple vers l'Europe continentale. Leros est un confetti d'Eden peuplé de huit mille âmes, situé à 317 kilomètres d'Athènes et à 35 kilomètres seulement des côtes turques. La journaliste Laure Gabus et le photographe Pierre-Emmanuel Fehr, tous deux genevois, se sont rendus sur cette île au cours de l'hiver 2015.
Leur démarche, à la fois artistique et critique, croise des images de migrants et des récits de locaux dont les destins se retrouvent soudain liés sur un territoire étroit. Leur travail interroge l'actualité internationale sans omettre la beauté et l'humanité de Leros. Il ne s'agit pas d'un reportage neutre et objectif mais d'une démarche en immersion engageant la sensibilité de ses auteurs. Le projet "Leros" prend le contre-pied de l'hypermédiatisation des crises migratoire et économique où des milliers de migrants sont interviewés avant de tomber dans l'oubli et où la voix des Grecs n'est presque jamais entendue.
Au recto, le récit dresse le portrait de Leros à travers les témoignages d'habitants, de bénévoles, d'employés d'organisations internationales ou encore de migrants et explore la riche histoire de cette petite île coincée entre orient et occident. Au verso, les photographies inscrivent le visage et le parcours des migrants dans un temps plus long et dans un décor paradoxalement sublime.
