Électronique, marché du XXIe siècle

Pour l'électronique, on peut considérer que le XXIe siècle a commencé, en fait, il y a cinquante ans. Car s'il est une technique résolumment tournée vers l'avenir, c'est bien celle qu'inventèrent Bardeen, Brattein et Schockley dans les Laboratoires Bell vers 1950. Il ne s'agit certainement pas ici d'évoquer dans la nostalgie l'époque pionnière, mais au contraire d'une réflexion d'actualité brûlante. En effet, si le transistor a connu ensuite un développement aussi fulgurant, c'est sans doute le fait d'une décision commerciale étonnante : certains dirigeants avisés de Bell avaient compris aussitôt que l'avancée technologique que représentait le transistor -pourtant encore à l'état embryonnaire- était telle qu'il n'était pas souhaitable de chercher à la faire prospérer en secret, comme il est normal en matière d'innovation, mais qu'il fallait au contraire procéder à ce que l'on appellerait maintenant des " transferts de technologie ". C'est ce qui fut fait à grande échelle, dès 1952, et, qui plus est, quasi gratuitement ( du moins en proportion des enjeux immenses) puisque toute société de renom se voyait offrir les droits de production du composant. Il ne tarda pas à en résulter une émulation bouillonnante et fertile entre différents laboratoires industriels et universitaires et une avalanche de conférences et de communications publiques qui ponctuaient les progrès à pas de géant du tripode. Dans le contexte actuel de férocité du marché de l'électronique devenu mondial, cette histoire, à la fois récente et pourtant déjà si lointaine, n'est-elle pas riche d'enseignements ?