Anti-Negri - Le contre-Empire qui vient ou le discours du grand compétiteur

Le travail critique de H.D. Rossi met en lumière deux aspects principaux, liés, du propos de M. Hardt et T. Negri. Leur ouvrage, Empire, vise à argumenter la nécessité de la formation d'un "contre-Empire" en opposition à "l'Empire" existant selon eux, c'est-à-dire à l'ordre impérialiste où dominent les Etats-Unis et à argumenter que la fonction de contre-Empire doit s'appuyer sur la multitude mondiale déshéritée". Pour soutenir leurs argumentaires les auteurs dénient la validité des vues léninistes sur l'impérialisme, des notions et réalités de nations et Etats modernes, et refoulent la notion de classe, de classe organisée politiquement, au profit d'un magma humain informe et informable baptisé "multitude", qui doit être l'instrument de quelque leader providentiel. H. D. Rossi montre qu'il s'agit essentiellement de défausser de leur qualité d'impérialistes les impérialismes concurrents des Etats-Unis, et d'argumenter la désorganisation politique générale tics organisations en classes tout à la fois sociales et politiques, et par conséquent des luttes des classes populaires, laissant ainsi la voie libre aux développements des formes les plus régressives de l'impérialisme. En outre, alors que l'ouvrage de M. Hardt et T. Négri a souvent été salué comme le fruit nouveau d'une pensée originale, H. Rossi rappelle utilement que cet ouvrage reprend des visées et des thèses rien moins que nouvelles, dont certaines, sans remonter jusqu'à Georges Sorel, ont sous-tendu, en Europe, entre 1933 et 1945 des argumentaires et des pratiques bien connus.